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Même si J.P. Lachaux, directeur de recherche à l' INSERM, prétend vulgariser la connaissance des grandes fonctions cognitives, son ouvrage n'en demeure pas moins très technique et complexe. Toutefois il explique clairement, en particulier les Lachaux-Cerveau-attentif.jpegexpérimentations de laboratoire ; les neurosciences et l'imagerie médicale permettent d'observer le cerveau en train de réfléchir : passionnant! Par ailleurs, Lachaux nous fait comprendre ce qu'est l'attention, en éclaire le fonctionnement afin que chacun puisse mieux apprivoiser cette compétence qui s'entraîne comme les muscles selon lui.

Phénomène biologique, l'attention est une faculté, une fonction cognitive ; comme la mémoire, on ne peut la mesurer en laboratoire, mais on en constate les effets. Il faut savoir qu'elle demeure capricieuse, instable : nous n'en avons pas plus le total contrôle que de notre corps ou de notre esprit. L'inconscient y joue son rôle, tout comme les automatismes et les habitudes.

Internet, la T.V., la publicité ou les téléphones portables, tous ces stimuli sollicitent en permanence l'attention : elle y répond spontanément, selon leur saillance et la subjectivité personnelle. On entend sans écouter, on regarde sans voir ce qui ne nous semble pas important. De plus, tout ce qui suscite plaisir et récompense détourne l'attention. Le cerveau se laisse aller à cette captation émotionnelle ou cognitive — l'élève de terminale rêve à ses vacances et n'entend plus le professeur… À l'inverse, l'hyperfocalisation sur l'objectif — la réussite au bac par exemple— fait oublier à l'étudiant le contexte extérieur et peut le mener à l'échec, tout autant que la dispersion de son attention s'il entend réviser sans ordre ni méthode. Il faut éviter ces deux extrêmes, mais ne pas redouter la distraction : voulue ou non, si elle est brève, elle détourne notre système exécutif cérébral et en relâche la tension. Il faut ménager ces micro-temps de pause pour éviter que l'attention n'échappe : Lachaux y insiste, une bonne attention reste fluide : à chacun de lui accorder ses laps d'intermittence.

Comment la mobiliser sans jamais la contraindre? En la programmant bien.

Si l'on se fixe un unique objectif clair — si l'on donne à un enfant une seule consigne précise — associé à une solide motivation, l'attention se stabilise et permet la concentration : si son succès à l'examen fait sens pour lui, l'étudiant éteint la T.V. et révise. Dès lors, le cerveau cognitif peut anticiper, organiser et mettre en œuvre les processus adaptés, à condition qu'il ne vise qu'un objectif après l'autre : c'est en décomposant les tâches à effectuer, en ne cherchant pas à tout mémoriser, en s'accordant un peu de lâcher-prise que l'attention se maintient.

Selon l'auteur, on peut apprendre à entraîner son attention : combien de minutes réussit-on à marcher dans la rue en regardant droit devant soi, sans porter les yeux sur les visages croisés ni les vitrines? Combien de temps parvient-on, isolé et en silence, à se concentrer sur sa propre respiration ?

Chacun peut essayer, s'il en a la motivation et la volonté : cette décision dépend de notre libre-arbitre, que les neurosciences n'ont pas encore localisé dans notre cerveau.

 

Jean-Philippe LACHAUX  : Le Cerveau attentif. Contrôle, maîtrise et lâcher-prise. Odile Jacob, 2011, 369 pages.

 

Tag(s) : #ANTHROPOLOGIE
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