Un dandy américain qui a été étudiant à Yale, passe quelques mois en France pour chasser l'ennui. Il s'appelle Dean. Phillip Dean. Quelque part en province, invité par un couple ami de son père, il rencontre Anne-Marie. Elle est jeune, disponible, et se déshabille très vite. Ils ont des relations sexuelles à chaque chapitre. Les chapitres sont nombreux. L'écriture parfois leste. Phillip s'est fait prêter une Delage bleue et décapotable : elle attire le regard. En compagnie d'Anne-Marie il parcourt une partie de la France entre l'hiver et l'été. Beaucoup d'hôtels dont ils testent la literie : comme pour écrire une sorte de guide du routard. À la fin de l'été il repart en Amérique. Plus tard on annonce qu'il a trouvé la mort dans un accident. Mais la Delage est restée en France.
• Ce récit diablement répétitif mais sobrement écrit, a l'originalité d'ajouter un regard extérieur, intermittent, d'une sorte de témoin — sinon l'auteur lui-même — qui intervient de temps à autre dans la narration. Il est venu de Paris à Autun par le train à vapeur dès l'incipit. Il prête de l'argent à Phillip toujours à court. Il les croise parfois dans des soirées, ou à l'hôtel. Parfois il imagine ce qui se passe entre Phillip et son amante. Et il semble avoir un mauvais pressentiment. C'est seulement ce personnage à la fois absent et présent qui m'a intrigué au point de me pousser à terminer la lecture du roman, sinon… S'agissait-il de convaincre le lecteur américain de 1967 que la France profonde et des châteaux de la Loire vaut le voyage et que les petites Françaises sont baisables, comme une génération plus tard on vanterait le tourisme sexuel à Bangkok ? Malgré le titre, emprunté au Coran, sourate LVII, ce n'est pas "un livre sur le base ball" pour reprendre un souvenir de l'auteur évoquant en introduction une "fâcheuse publicité" datant du lancement par Doubleday.
• Quoique la couverture rende un bel hommage à l'auteur — « La prose de Salter est rare et éblouissante » selon John Irving — je n'ai pas été pleinement convaincu d'avoir rencontré un authentique chef-d'œuvre. La quatrième de couverture en rajoute même pour atteindre un sommet de flatterie : « Depuis sa parution, Un sport et un passe-temps a provoqué les éloges les plus fanatiques et a imposé James Salter, souvent comparé à Nabokov, comme l'une des grandes voix de la littérature américaine.» Rien que çà ! Dans d'autres contextes, on parlerait de publicité mensongère... Simplement un bon texte, sans trop de prétention, dû à un auteur qui se souvient d'avoir vécu agréablement dans l'Est de la France quand il était soldat sur une base américaine au temps de la guerre froide.
• James SALTER : Un sport et un passe-temps. Traduit par Philippe Garnier. Editions de l'Olivier, 1996 (Points "Signatures", 2008, 257 pages).