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Marine, jeune traductrice formée en Suisse, revient au pays : à Québec. Orpheline et d'esprit très indépendant —« Je ne veux être la fidèle compagne de personne » —, elle est la fille d'une immigrée irlandaise et interprète son prénom comme une évolution de "Maureen".

En quelques pages elle s'immisce dans la vie de Waterman : ce romancier au nom de Poulin-La traduction...plume — et probable alter ego de  Jacques Poulin — n'écrit évidemment pas à l'ordinateur et il se présente comme l'écrivain le plus lent du monde.  « Au meilleur de sa forme, il était capable d'écrire une bonne demi-page dans une journée…» Le romancier qui a largement l'âge d'être le père de Marine l'installe dans son chalet de l'île d'Orléans, au bord d'un étang « plein de truites et de ouaouarons » dans un paysage bucolique relativement proche du centre-ville où réside l'écrivain dans sa haute tour. Avec la découverte d'un petit chat noir avec un message dans le collier, le mystère s'installe dans le récit à la première personne et perturbe un peu l'esprit de la narratrice : « Je devenais un peu zouave » dit-elle, après avoir pris connaissance de ce message d'appel au secours. Pour l'écrivain et sa traductrice, il y a obligation de procéder par eux-mêmes à une opération de sauvetage. « Moi qui avais toujours été une nomade, moi qui faisais tout ce qui me passait par la tête, qui avais déjà pris le premier avion pour n'importe où, qui ne m'attachais à  rien ni à personne, voilà que je me faisais un énorme souci pour les gens et les bêtes vivant auprès de moi.»

Leur affaire prendra un peu de temps et la belle saison y passera. Mais avant que n'arrive « l'été des Indiens », Marine aura exploré les environs du chalet, conversé avec les vieux chevaux de course, épié les ratons laveurs et le grand héron bleu, admiré la biche à la démarche de "top model" dans les défilés de mode. Marine aura aussi exploré la bibliothèque de l'écrivain et étalé ses goûts littéraires. Elle aime les récits d'Isabelle Eberhardt. Il aime Modiano. Ils consultent les dictionnaires. « On n'habite pas sous le même toit, mais on est souvent ensemble » dit Waterman. « On n'a pas vraiment décidé de vivre comme ça, mais c'est ce qui nous convient pour l'instant » ajoute-t-elle.

Trompé par le titre ! C'est le sentiment qui peut naître chez le lecteur au bout d'une trentaine de pages. Il n'empêche, c'est un roman délicat, très agréable à lire et soigneusement écrit. La traduction n'est pas une histoire d'amour mais parfois elle en indique le chemin. Roman à rapprocher d'une autre œuvre de l'auteur québecois : "L'anglais n'est pas une langue magique" parue chez le même éditeur en 2009.

 Jacques POULIN  -  La traduction est une histoire d'amour.  Leméac-Actes Sud, 2006, 132 pages. 

 

Tag(s) : #LITTERATURE CANADA
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