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DeLuca-Le-jour-avant-le-bonheur.jpgAu début il y a Anna. Jadis entrevue derrière les vitres d'un appartement donnant sur une cour d'immeuble du centre de Naples, tandis que, tout gamin, le narrateur jouait au football avec les garnements du quartier. Les années ont passé. Désormais, Anna lui donne rendez-vous. Il a dix-huit ans et  don Gaetano, le concierge dévoué qui s'est chargé de l'élever, lui offre un couteau pour se défendre... Il l'avertit : « La jeune fille n'est pas pour toi ». Comme on s'y attend dans ce quartier populaire, la camorra est présente. Anna a un fiancé en prison. Bientôt libéré... Il est facile d'imaginer la suite.

Le cycle tragique marque le récit. Don Gaetano évoque la guerre. En 1943, à la chute du fascisme, les Allemands ont occupé Naples. Don Gaetano a caché un juif qui lui a expliqué son nouvel an et le rite pour « faire d'aujourd'hui le jour avant le bonheur.»  Don Gaetano a fait partie de ceux qui se sont soulevés contre l'occupant. Le père du narrateur aussi. Enfin, les Américains ont débarqué : en un jour ils sont devenus des libérateurs. « Naples s'était consumée de larmes de guerre, elle se défoulait avec les Américains, c'était carnaval tous les jours. » Dans la fête, des Américains ont conquis des napolitaines. Ou l'inverse. Des drames de la jalousie sont arrivés. A Naples cela débouche sur l'exil des meurtriers. Hier comme aujourd'hui. Le père et puis le fils. 

Parfois le libeccio souffle trois jours de suite sur Naples. La ville qui « se trouve en Italie par erreur » est l'autre personnage-clé du roman, entre le volcan et la mer, dans la lumière : « Les vitres de Naples se passaient le soleil entre elles.» L'écriture d'Erri De Luca est faite de simplicité apparente, avec quelques mots de dialecte, et aussi, comme cette citation le montre, émaillée de formules bien ciselées. Elle n'exclut pas l'humour, quand le voisin La Capa, comprend un peu tout de travers, avec d'amusantes confusions verbales bien rendues par la traductrice. De Luca est un auteur qui se garde bien de toute emphase. Alors le livre est court. Une miniature plutôt qu'une longue fresque.

 

• Erri De Luca. Le jour avant le bonheur. Traduit par Danièle Valin. Gallimard, 2010, 137 pages.

 

 

Tag(s) : #LITTERATURE ITALIENNE
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