Jadis les ports d'Europe occidentale se livrèrent au méprisable trafic des esclaves. La traite atlantique consista en un "commerce triangulaire" : des ports français ou anglais partaient les cargaisons —la pacotille— échangée en Afrique contre les esclaves : le "bois d'ébène" destiné aux plantations des "îles à sucre" et au retour, les produits coloniaux affluaient en Europe. De l'Atlantique, la traite s'est étendue à l'océan Indien, finissant en "coolie trade" au milieu du XIXe siècle et a globalement constitué pour l'Europe un « moteur économique » qui ne participa pas seulement à l'enrichissement des armateurs de Bordeaux ou de Nantes. Si chaque expédition négrière pouvait déboucher pour ses promoteurs sur un fort profit aussi bien que sur la perte totale de la "mise hors", elle n'apportait que malheur aux Africains soustraits à leur terre au prix de guerres locales ravageuses, menacés de périr en mer (environ 12 % des captifs) et destinés au monde esclavagiste des plantations. Tandis que le marronnage et les soulèvements d'esclaves se produisaient, la fin du XVIIIe siècle voyait naître un courant abolitionniste : en 1807, l'Angleterre et les Etats-Unis déclarèrent mettre fin à la traite ; les autres pays suivirent peu à peu. Et la traite illégale fut réprimée.
Des chapitres courts et précis répondent à la plupart des questions que l'on peut être amené à se poser sur la traite et l'esclavage des Noirs pratiqués par les Européens entre le XVe et le XIXe siècle. En ces temps où la mémoire compassionnelle en vient parfois à troubler les bases des savoirs académiques, ce petit livre dû à un spécialiste de l'histoire de la traite bordelaise et nantaise, —disciple de Serge Daget qui fut un pionnier en la matière—, rendra d'immenses services aux élèves comme aux professeurs et devrait intéresser le grand public. Aux archives publiques déjà bien étudiées, viennent s'ajouter aujourd'hui encore de nouvelles sources privées pour une contribution accrue à la recherche. Eric Saugera donne ainsi l'exemple qu'il connaît bien : « En 2011 a surgi de nulle part le journal de traite intact de la Bonne-Mère, négrier nantais qui introduisit 340 captifs à la Guadeloupe en 1815.» Ce petit livre comporte également d'utiles indications bibliographiques renvoyant aux tout derniers travaux sur le sujet.
• Éric Saugera - Questions sur la traite et l'esclavage des Noirs. Éditions Cairn, 2012, 91 pages.
Voir aussi, du même auteur :
— La Bonne-Mère navire négrier nantais 1802-1815
— Reborn in America. French Exiles and Refugees…