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Houzel.jpgDidier Houzel, psychiatre de l'enfant et de l'adolescent, part d'un constat : autrefois, quand les parents représentaient le pouvoir et l'autorité, tout enfant "difficile" était considéré comme "mauvais sujet" ; aujourd'hui on les en  culpabilise : jusqu'à quel point sont-ils responsables du développement de leur enfant ? Selon Houzel, la transmission parentale psychique et inconsciente joue un grand rôle. Si les parents n'ont pu assimiler ce que leurs propres père et mère leur ont transmis, ou s'ils sont incapables de devenir parents, la construction psychique de leur enfant en souffre car "un enfant va bien psychiquement s'il peut donner du sens à ce qu'il vit". Reste que les parents ne sont pas seuls à éduquer l'enfant : tout le contexte social y contribue. Enfin, même en situation dramatique, la résilience de l'enfant n'est pas rare.


Dès la vie intra-utérine le nourrisson communique avec son environnement humain : ces échanges émotionnels construisent ses potentialités intersubjectives. Ce qui compte n'est pas tant le type de la famille qui l'accueille – monoparentale, homosexuelle, hétérosexuelle – que la présence de repères. Pour garantir sa stabilité psychique, le tout petit doit pouvoir disposer en permanence d'une image masculine et d'une image féminine –nécessaires à l'élaboration des supports identificatoires –, dans un univers en ordre pour pouvoir se représenter et accepter les deux différences fondamentales : celle des générations – l'axe du temps –, et celle des sexes –l'axe du désir. Mais il arrive que des parents transmettent inconsciemment à leur enfant ce qu'ils n'ont pas eux-mêmes psychiquement assimilé, ce que leurs propres parents n'ont pu penser ou symboliser – un deuil, un viol – : ils  sont victimes comme leur enfant de cette transmission transgénérationnelle défaillante, mais non responsables : des parents qui ont souffert enfants font ainsi souvent inconsciemment souffrir leur enfant à son tour. Se creuse alors  en lui une discontinuité psychique qui peut le précipiter dans un narcissisme mortifère.


Si la stabilité psychique des deux parents est essentielle à la socialisation et au développement intellectuel de l'enfant, leur accès à la parentalité l'est tout autant. D'acception plus large que la parenté, simple lien de filiation biologique, la parentalité s'exerce aussi dans le lien domestique – adultes et enfants vivant sous un même toit –, et juridique – l'adulte désigné comme père ou mère. Selon Houzel, on devient parent : ce n'est pas un positionnement spontané mais une modification de personnalité semblable à la mue de l'adolescence. Passer de la conjugalité à la parentalité constitue un processus psychique qui n'est pas toujours réussi. En effet, outre la relation d'amour primordiale, devenir parent c'est être capable de reconnaître son enfant dans sa singularité, de le comprendre avec tolérance même si la relation établie semble conflictuelle et confuse.

Il est excessif et injuste de culpabiliser les parents car il n'en existe ni de "bons" ni de "mauvais" : les circonstances demeurent la variable essentielle. On note que, selon l'auteur, devenir parent parachève la maturité d'un adulte : est-ce à sous-entendre que tout homme ou femme qui choisit de n'être jamais parent reste un adulte inabouti, un vieil adolescent narcissique? la question reste ouverte.


 
• Didier HOUZEL  :   La Transmission psychique. Parents et Enfants
Odile Jacob, 2010, 214 pages.
 
Chroniqué par Kate
Tag(s) : #EDUCATION, #PSYCHOLOGIE
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