À lire d'urgence, pour 4 euros, ce bref hommage à Mohammed Bouazizi, ce jeune tunisien de vingt six ans qui s'est immolé le 27 décembre 2010 devant la préfecture de Sidi Bouzid. Les médias l'ont trop vite oublié: "il est devenu le symbole de la résistance du monde arabe", comme l'a affirmé Salem son frère.
Pour une trentaine d'euros par semaine, Mohammed tentait de faire survivre sa mère et ses six frères et sœurs en vendant fruits et légumes dans sa brouette, sans autorisation officielle. Frappé, insulté, humilié par la police, son étal cinq fois confisqué, "seule l'immolation pouvait le libérer de l'insoutenable". On croirait relire "Des fleurs pour l'Algérien" de M.Duras...
Un beau texte, sans polémique ni larmoiement. C.Gallois rappelle l'embrasement de la Révolution de Jasmin, souligne la corruption de la mafia Trabelsi, la censure, la répression, la torture sous Ben Ali le prédateur. Un beau texte surtout car l'auteur a compris Mohammed: "maman, pardonne-moi", non coupable. Car si le suicide est condamnable, le mensonge et la trahison l'y ont acculé.
Le monde arabe ne devra jamais oublier le sacrifice symbolique de Mohammed: la dignité d'un être humain, quelle que soit sa religion, c'est de "Vivre libre".
• Claire GALLOIS - Vivre libre - l'Éditeur, 2011, 25 pages.