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Ce bref roman très réussi traite d'un petit royaume prêt à collaborer, englouti par le Grand Reich en Khazanov.png1940, et d'un roi désarmé dont le Premier ministre est à l'image de… Mr Pickwick. Il ne peut opposer au Prince des Ténèbres que sa non-violence et s'il se résoud à une action de résistance elle ne pourra être que symbolique, — ce qui ne signifie pas qu'elle ne sera pas forte.

Presque tout dans le détail des faits désigne le royaume de Danemark depuis la conquête-éclair jusqu'à la réaction du roi face à l'antisémitisme de l'occupant. Ces faits sont bien connus des historiens de la Seconde Guerre mondiale. Ce qui l'est moins : qu'un médecin russe récemment sorti du goulag en ait fait un samizdat au temps de Brejnev ; la traductrice alors étudiante avait lu, éblouie, le livre interdit à Moscou avant sa première publication en Israël, et bien avant qu'il ne parvienne sous nos yeux traduit par ses soins.

On comprend un peu que le livre ait été censuré à Moscou : il ironise sur le pouvoir et sur l'armée ! Mais l'essentiel est ailleurs : le vécu quotidien du roi, ses cauchemars, son activité de médecin urologue, permettent de le suivre jusqu'à la fameuse "heure du roi", promenade traditionnelle du monarque à cheval, pour une fois faite à pied et avec son épouse Amalia.

Voilà un petit livre qu'on aura envie de relire, ne serait-ce que pour la scène de la consultation du spécialiste à la tête couronnée par son plus sinistre patient, ce Prince des Ténèbres qui conquiert l'Europe en brandissant le drapeau illustré du signe de la Tarentule.

Boris Khazanov  -  L'heure du roi  - Traduit du russe par Elena Balzamo. - Viviane Hamy, 2005, et coll. "bis", déc. 2010, 126 pages.

 

 

Tag(s) : #LITTERATURE RUSSE
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