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Le Covid-19 s’est abattu sur l’Italie. Amanda, étudiante à Milan, décide de partir d’urgence avant le confinement, pour rejoindre sa mère dans les Abruzzes.
Et en effet, comme toujours avec Donatella Di Pietrantonio sous sommes dans l’austère province des Abruzzes. Lucia, la narratrice, exerce comme kiné dans une bourgade à proximité de la Dente del Lupo le sommet de 2300 mètres qui domine la vallée. Cet espace montagnard exerce une influence étrange, quasi magnétique, sur sa famille y compris sa fille qui aurait pu aussi bien se réfugier chez son père à Turin. Plutôt que de suivre son mari, Lucia a choisi de rester vivre au pays, près de son père agriculteur qui a décidé de transmettre à sa fille les terrains qu’il possède dans la montagne. Il s’agit de vastes pâturages où les bergers emmènent leurs troupeaux de moutons et d’un terrain sur lequel son ami Osvaldo avait installé un camping familial qu’il gérait avec sa femme jusqu’à ce qu’un crime atroce ait entraîné la fermeture de l’établissement. Il y avait là une piscine où Lucia qui avait alors vingt ans aimait se baigner en compagnie de jeunes touristes et de son amie Doralice la fille des gérants.
Rentrée de la capitale lombarde, Amanda ne va pas bien. Certes, elle n’a pas contracté le covid mais elle n’est pas en forme pour autant quand elle rentre au bercail, comme l’indique le fait d’avoir laissé à Milan ses livres d’étudiante et aussi de renoncer à suivre les cours par visioconférence. Devenue mutique elle cache son mal être que sa mère finira par comprendre plus tard comme étant le fait d’une agression dans la rue, à la porte de son appartement d’étudiante. Ces événements troublent Lucia d’autant qu’elle et son mari ont décidé de divorcer, même si c’est apparemment à l’amiable. Lucia s’inquiète pour sa fille réputée fragile en raison de son âge, alors que celle-ci se soucie plutôt d’écologie : il faut éloigner les spéculateurs de ce site naturel convoité par un homme d’affaires de Pescara.
Ce malaise conduit Lucia à se remémorer la tragédie qui avait eu lieu trente ans plus tôt à Pietra Rotonda, c’est-à-dire au camping des amis de son père, tragédie à laquelle elle avait échappé par un peu hasard. Doralice, elle, s’y était rendue pour une randonnée avec deux filles venues de la province de Modène, Tania et Virginia, la veille de leur départ. Elles étaient tombées victimes d’un jeune berger qui viola l’une et voulut tuer les autres. Doralice seule en avait réchappé. Alors qu’elle renoue avec sa chorale Lucia revit ces souvenirs et les choix de sa fille comme un échec personnel. Un roman sans fioritures, âpre comme la région qu’il décrit, qui a fait un tabac en Italie remportant le prix Strega de 2024, et qu’on ne peut que recommander.
• Donatella Di Pietrantonio : L'âge fragile. - Traduit de l'italien par Laura Brignon. Albin Michel, 2025, 253 pages.