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La Joconde ! Symbole de l’art occidental, elle attire au Louvre des millions de visiteurs et d’adorateurs si bien qu’il est actuellement envisagé un accès spécial pour elle. Dans ce premier roman paru en 2023, Paul Saint Bris a imaginé pour elle une aventure bien plus surprenante — on ne dira rien de son issue inattendue au terme d’un roman documenté mais heureusement léger et souvent ironique.

 

Conservateur méticuleux, Aurélien a été nommé directeur des peintures du musée. Il aime beaucoup les peintures d’Andrea del Sarto, les Vies de Vasari, le Décaméron de Boccace et le Traité de la peinture de Vinci. Mais de là à envisager d’entreprendre le lifting de Monna Lisa, il y a un fossé qu’il n’est pas prêt à franchir. C’est donc poussé par Daphné Léon-Delville, la nouvelle et audacieuse présidente de l’institution, formée au marketing et pas à l’école du Louvre, qu’il doit se pencher sur cette entreprise insensée à ses yeux.

 

Au fait, la Joconde a-t-elle besoin d’une restauration ? Son âge et ses aventures l’ont rendue fragile. Surtout, les vernis dont on l’a recouverte au fil des siècles ont rendu ses couleurs ternes et assombries. Les spécialistes de la peinture de la Renaissance italienne sont réservés, mais cela n’empêche pas Aurélien de conclure avec Gaetano, un restaurateur italien originaire de la même région que le “père” de Monna Lisa.

 

La restauration prendra plusieurs mois et en attendant que soit terminée la cure de jeunesse de l’illustre tableau, la fréquentation du musée va horriblement chuter. Alors, puisque le progrès technologique permet de prévoir les couleurs futures de l’œuvre une fois rénovée, c’est-à-dire débarrassée de ses antiques couches de vernis, le laboratoire du Louvre recrute un expert pour produire d’une copie exceptionnelle que l’on pourra montrer dans une exposition temporaire sur la restauration. Tous ces préparatifs permettent à l’auteur de nous en apprendre beaucoup sur l’histoire de la restauration des œuvres d’art et sur quelques accidents de parcours…

 

Tout cela ne rassure pas Aurélien déjà tourmenté par l’échec de son couple. L’écrivain joue sur le contraste entre l’esprit conservateur et assez timoré d’Aurélien et la marche de la modernité utilitariste. « Il vouait à de pareilles gémonies les industriels qui avaient inondé la planète d’un océan de plastique, les fabricants d’interrupteurs qui avaient renoncé à la porcelaine, les fabricants de voitures qui avaient abandonné les chromes et sacrifié le dessin des lignes pour contenter des normes léonines, les fabricants des cuisines qui avaient substitué au toucher du bois massif le contact gluant du polymère... » Bref « il en voulait au monde d’avoir renoncé à la beauté ». Il aimerait la garder pour lui… et il n’est pas le seul ! Homéro, un étonnant agent d’entretien du musée, a la même passion pour la beauté.

 

Paul Saint Bris : L’allègement des vernis. - Philippe Rey, 2023, 349 pages.

 

 

 

Tag(s) : #LITTERATURE FRANÇAISE, #BEAUX ARTS
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