Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Voilà un ouvrage qui traite avec simplicité de la création artistique. Dora Marcu a quitté la Suisse pour la côte ligure, près de Portofino, afin de terminer un roman dans un cadre pittoresque. Il s’agit de l’histoire d’un sculpteur qui débarque à New York en 1926 avec dans ses bagages une création d’avant-garde : un bronze évoquant un oiseau en vol. Les deux récits se déroulent en parallèle et l’on ne manquera pas de relever dans l’un des échos de l’autre.

 

Dora s’installe à Santa Margherita Ligure, où l’a transportée avec retard le train de Milan. Elle pose ses bagages à l’hôtel Métropole dont les balcons contemplent la mer. Dora est accompagnée de son fils de huit ans, Loris, et de la nounou récemment engagée, Macedonia. Régis, son ami ou amant, viendra la rejoindre au risque de retarder l’achèvement de son travail d’écrivaine. Elle écrit à la demande de la fondation qui est devenue propriétaire de la sculpture de Constantin Alvis et lui a versé une bourse.

 

Dans la fiction Alvis a traversé l’Atlantique sur le même paquebot qu’une célèbre star du cinéma muet, la Fantoni. Il s’est inspiré d’elle pour l’une de ses créations, celle-là même qu’on découvre à l’incipit. Après l’avoir croisée dans l’ascenseur de son hôtel new yorkais il assiste captivé à la projection de ses films. S’il est à New York, c’est pour participer à une rétrospective de ses sculptures, à la galerie Milner, sur la 57e rue Ouest, au cœur de Manhattan. Son fondateur, qui avait jadis visité le sculpteur à son atelier parisien, n’est plus. La galerie est maintenant animée par la très raffinée Cara Milner ; elle fréquente des dadaïstes et son public cite Marcel Duchamp. Son employée, Lidy Maenz, s’occupe à montrer la ville à l’artiste déjà célèbre. Entre eux s’esquisse rapidement une liaison au pied des gratte-ciel.

 

La romancière s’est inspirée d’épisodes de la vie de Brancusi. A cette époque, celle des Roaring Twenties, le contexte économique est celui d’un fort protectionnisme américain. A la douane, une œuvre d’art reconnue comme telle devrait entrer en franchise, mais les douaniers refusent de déceler toute trace d’art dans cette esthétique innovante. Ils la surtaxent comme produit manufacturé ! Il y aura un procès aussi pour le bronze de Constantin Alvis. Qu’est-ce que l’art ? Et à quoi le reconnaître ?

 

Mais au lieu d’un discours approfondi lesté de considérations philosophiques, l’autrice suisse a préféré jouer de la légèreté, de la suggestion, de l’ellipse. Il en résulte un vrai roman tous publics.

 

Dana GRIGORCEA : Le poids d’un oiseau en vol. - Traduit de l'allemand par Elisabeth Landes. Les Argonautes, 2025, 222 pages.

 

Tag(s) : #LITTERATURE ALLEMANDE, #SUISSE
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :