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Premier roman de la romancière sarde Milena Agus, Quand dort le requin a été publié en français après Le Mal de Pierre qui l’a fait connaître. Une lycéenne de dix-huit ans dont on ne saura pas le prénom raconte sa vie et celle de sa famille. Elle nous présente ainsi une famille atypique, un peu bizarre et presque toujours triste : les Sevilla-Mendoza.
« Ma mère est morte. Mon père est parti. Ma tante a été mal et pendant tout un temps elle est restée couchée sur le carrelage. Une de mes amis, un sur qui je pouvais compter, est parti en voilier faire le tour de la Méditerranée. J’aimais un homme marié. Mon grand-père était un type super mais il est mort d’un ulcère qu’il avait rapporté des camps de concentration nazis. Mon frère passe son temps à jouer du piano et c’est comme s’il n’était pas là. » Voilà le tableau ! Ça devrait rendre triste comme être dans le ventre du requin.
Au début du roman, la mère est encore en vie, occupée à peindre des œuvres que le mari vend à ses admiratrices pour financer une association d’aide à de lointains pays pauvres. C’est un homme enjoué, blagueur, bon guitariste, mais toujours absent. La mère est secrètement amoureuse d’un ami de sa sœur, le séduisant et mystérieux Mauro De Cortes qui lui fait aimer le tango. La tante, très séduisante, qui enseigne l’histoire à l’université, rencontre beaucoup d’autres hommes, tous pleins de charme, comme le docteur Salevsky réfugié d’une dictature sud-américaine. La tante est souvent présente chez sa sœur et ses aventures sentimentales réjouissent toute la famille, de la grand-mère à la petite-fille. Cette dernière, la narratrice, vit en secret une liaison sado-masochiste qui pourrait mal finir, et qu'elle livre d'un ton ingénu qui surprend.
Le ton de ce premier roman, à la narration fluide, est bien ce qui fera le succès de Milena Agus par la suite. Il y a un mélange de légèreté — à commencer par les aventures sexuelles de la tante, liaisons qui toujours tombent à l’eau — et de gravité comme les interrogations sur l’existence ou l’inexistence de Dieu. Lecture fort plaisante donc.
• Milena AGUS : Quand le requin dort. Traduit par Françoise Bon. Liana Levi, 2010, 147 pages.