Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Avec un personnage principal du nom de Lazare se pourrait-il que ce roman nous offre autre chose qu’une résurrection ?

 

Nous sommes en 2014. Lazare, quarante ans, enseigne l’histoire dans un lycée parisien. Il vit avec Béatrice qui gagne bien plus que lui par son métier de contrôleur de gestion. Le couple bat de l’aile depuis qu’ils savent qu’elle ne peut avoir d’enfant. Quand arrivent les vacances d’hiver, Béatrice part rejoindre ses parents retraités à La Rochelle, pour ne plus revenir, ce que Lazare ne comprend pas dans l’immédiat.

 

Pour Lazare, cet événement ne fait qu’ajouter à la grisaille du monde actuel, de la société, de la vie en ville : c’est ce qu’il appelle l’Immonde — par opposition à la beauté de la nature. Voilà notre Lazare qui déprime et semble indifférent à tout, incroyablement passif devant le départ de Béatrice. Il s’accroche par routine à ses amis Walter et Denis, à ses collègues comme Saint-Roy qui enseigne la philo. Sa rencontre avec Lucie, ornithologue concernée par la disparition des moineaux dans la capitale, apporte quelques parenthèses de sourire dans sa vie triste et solitaire. Mais sans aller plus loin.

 

Lazare se sent éloigné de sa famille chartraine financièrement plus qu’aisée, de ses frères et sœurs mariés et établis bourgeoisement. Ils ne tiennent pas en haute estime ce petit professeur qui, faute de voiture, prend le train pour les rejoindre et venir fêter les quatre-vingts ans de leur père. Lazare est d’ailleurs déçu par ce père qui a divorcé, raison pour laquelle il est resté proche de sa mère. Il n’aime guère cette Alice avec qui son père s’est vite remarié, bonne cuisinière et nettement plus jeune que lui.

 

L’été venu, après la mort accidentelle de Saint-Roy, Lazare sombre dans le cafard et la tristesse. Walter lui suggère d’aller quelques semaines séjourner chez son frère établi à la campagne près de Brest. Auprès de ce Xavier, le parisien découvre le rugby, le jardinage, rencontre des catholiques pratiquants, et surtout un moine bénédictin, frère Odon, passionné de botanique. Voilà notre prof d’histoire illuminé par les Psaumes et l’Evangile de Luc, prêt à vivre sa vie avec plus d’ardeur, comme regonflé pour la rentrée scolaire. Ressuscité en somme !

 

Le passage qui m’a le plus réjoui a peu de rapport avec cette résurrection. C’est la soirée au théâtre où est donnée une représentation d’Othello, dans une mise en scène “contemporaine” massacrant la beauté de Shakespeare, l’auteur préféré de Lucie qui connaît le texte original par cœur (pages 192-198). Dans l’ensemble l’écriture de Lapaque m’a paru bien prolixe, trop bavarde même pour vanter les passions des uns et des autres que Lazare est amené à côtoyer. Néanmoins on peut espérer que ce roman plaira aux croyants...

 

Sébastien LAPAQUE : Ce monde est tellement beau. Actes Sud, 2021, 337 pages.

 

Tag(s) : #LITTERATURE FRANÇAISE
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :