Antipolis… C’est le nom grec d’Antibes ! On ne s’étonne donc pas que Nina Léger qui en est originaire ait bâti un roman sur l’histoire de la célèbre technopole (ou devrais-je dire le technopôle ?) qui s’étend d’Antibes à Valbonne et de Biot à Mougins.
La première partie de son texte retrace l’origine du projet. Elle rend ainsi hommage à Pierre Lafitte (1925-2021) qui a conquis sa femme Sophie en lui promettant une ville vouée à la science et à la sagesse, et qui à partir d’un article paru dans Le Monde en 1960 a fini par éveiller l’intérêt du préfet des Alpes maritimes qui recherchait une activité alternative pour son département touristique. Petit à petit l’idée de synergie entre recherche, enseignement, industrie et environnement a pris corps, loin de Paris, au milieu des pins et des eucalyptus. Pour réaliser l’utopique cité des sciences s’en est suivie une myriade d’institutions bureaucratiques sans lesquelles rien n’est plus possible en France. Mais Sophie Lafitte n’était plus de ce monde quand la création de son mari s’est mise à vivre et rayonner.
Les initiateurs du projet avaient pensé tout créer sur un espace vierge entre des villages. Erreur… Au siècle suivant, alors que l’espace disponible paraît manquer pour toute nouvelle construction, Sonia responsable d’un énième projet immobilier, s’aperçoit qu’on cachait l’existence d’un camp de harkis chargés d’entretenir la forêt. Voilà la page blanche chargée d’histoire, ce qui pousse Sonia à en savoir plus, y compris auprès de son père qui a participé à la guerre d’Algérie et qui n’aime pas plus en parler que les harkis comme le lui explique Safia. Celle-ci a grandi dans ce camp qui n’existe plus, détruit dans les années 80-90 pour faire place nette et séduire les investisseurs…
L’appellation de roman est sans doute usurpée. Cependant on retiendra une écriture qui se veut poétique, recourt aux versets plus qu’aux paragraphes, et une mise en page qui choisit le retrait négatif à chaque alinéa. Malheureusement le récit me semble vite s’essouffler et finit par dépérir en bavardage insipide.
• Nina Léger : Antipolis. Gallimard, 2022, 175 pages.