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Les Fulmer sont des notables. Milton, le père, est un homme d'affaires. Sa fille aînée, Marguerite Fulmer enseigne les arts plastiques à l'Aurora College de Cayuga, près des Finger Lakes, Etat de New York. Marguerite est aussi une sculptrice inspirée par l'abstraction, au contraire du professeur titulaire, qui cultive l'hyperréalisme et signe ses œuvres du nom d'Elke. Le 11 avril 1991, Marguerite a disparu.
Fugue ou kidnapping ? L'enquête piétine ainsi que l'assure la narratrice qui n'est autre que la sœur cadette, Georgene, une fille particulièrement revêche et peu sympathique qui travaille à la poste. Il apparaît d'emblée que Georgene est jalouse de sa sœur : plus belle, plus talentueuse, plus remarquée par les hommes. Par ailleurs elle tient son père en haute considération, rien à voir avec les cousins et les voisins.
Je n'ai pas recompté les 48 indices que le titre affirme — en français comme en anglais — car ils brillent par leur caractère incertain. Marguerite n'a pas laissé d'explication à son départ à pied de la maison : elle avait coutume de se rendre ainsi au travail plutôt qu'avec sa Volvo restée au garage. La police a interrogé et enquêté sans rien trouver pendant des années. Georgene suspecte Elke, le collègue de sa sœur, quand une nouvelle exposition de ses peintures, à Ithaca, montre une Marguerite nue dans différentes poses, avec le titre provocateur Indices sur la disparition de...
La façon dont Georgene protège sa demeure aux nombreuses pièces de la curiosité des enquêteurs pousse le lecteur à la trouver elle-même fort suspecte. Ça commence avec la mini-robe de sa sœur qu'elle cache dans sa penderie, avec ce calendrier qu'elle subtilise où Marguerite avait noté des rendez-vous médicaux, ça continue avec ce refus de laisser le détective explorer l'appartement de la disparue ou encore d'aller inspecter la cave... On reconnaît là le métier de Joyce Carol Oates. Autant de fausses pistes bien sûr.
L'écriture rend bien le caractère à la fois pointilleux, soupçonneux et peu avenant de Georgene avec le recours aux détails, aux parenthèses, aux mots en italique. On le constate dès les premiers chapitres et ça donne un charmant petit air de roman noir.
• Joyce Carol OATES : 48 indices sur la disparition de ma sœur. - Traduit par Christina Auché. Philippe Rey, 2024, 279 pages.