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Dans ce livre qui tient de l'enquête François-Henri Désérable montre à quel point il s'est passionné par Romain Gary et son célèbre roman La Promesse de l'Aube. Une phrase lui tient lieu de mantra : « Au n°16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait un certain M. Piekielny. »
Tous les éléments de la phrase sont décortiqués avec minutie par l'auteur qui s'est trouvé par hasard à Wilno, on dit aujourd'hui Vilnius, la capitale de la Lituanie, où il a eu la surprise de découvrir une plaque commémorative et une statue concernant Roman Gary, alors Roman Kacew, qui y vécut enfant dans les années 1919-1925, avant que sa mère ne l'emmène au soleil sur la Côte d'Azur.
Toute l'enquête consiste à savoir qui était ce M. Piekielny, de quoi il vivait, comment il a vécu, et comment il est mort, sans doute assassiné par les nazis en 1941 ou 1942 quand ils éliminèrent sauvagement la plupart des juifs de ce territoire. A moins que M. Pïekielny ne soit une invention de Romain Gary !
L'écriture emprunte la formule du roman en train de se faire, avec d'heureux moments de trouvailles réussies, ainsi que des temps morts où l'auteur semble bien près de se décourager. On avance à tâtons, un peu comme dans un roman de Modiano, mais avec une rédaction plus assurée au fil de 147 petits chapitres de quelques lignes à quelques pages, dont l'effet de légèreté pour le lecteur est incontestable. Finalement l'histoire incertaine de ce petit homme qui traverse sans se faire beaucoup remarquer quelques pages de La Promesse de l'Aube est source d'un épatant plaisir de lire.
En même temps l'écrivain dévoile un peu de lui-même, voue une grande admiration à l'écrivain-aviateur-diplomate couvé par sa mère juive qui voulait pour son fils une carrière d'écrivain illustre alors que sa mère à lui, François-Henri, refusait cette orientation pour son fils. Comme quoi...
• François-Henri Désérable : Un certain M. Piekielny. - Gallimard, 2017, 258 pages. Réédité en Folio.