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Ce premier roman de Kim Hye-Jin, née en 1983 et homonyme d'une actrice célèbre, aborde avec justesse et psychologie des questions de la société actuelle. La narratrice — dont le nom reste ignoré — travaille comme aide-soignante dans un Ehpad de Séoul. Sa fille exerce comme professeur à l'université sans être encore titulaire. Mais rien ne va. Des embûches surviennent pour l'une et l'autre. Les deux sujets s'entremêlent habilement dans le récit.
La narratrice, qui est dans la soixantaine, rencontre des difficultés sur son lieu de travail, non pas tant en raison de son âge que du fait de son attachement à une pensionnaire dont elle a la charge. Celle-ci, Jen, a fait carrière à l'étranger, en Californie, et s'est engagée dans l'action sociale, mais aujourd'hui elle n'a plus de famille en Corée et est atteinte de la maladie d'Alzheimer, ce qui l'a rendue incapable de répondre à des journalistes venus pour elle. Le directeur de l'Ehpad décide de l'envoyer dans un établissement moins prestigieux, plus adapté selon lui, mais l'aide-soignante prétend que c'est pour se débarrasser d'une personne qui n'attire plus les dons à son institution et lui coûte trop cher en entretien.
Parallèlement, la mère s'inquiète de la vie que mène sa fille trentenaire. Pour des raisons financières, celle-ci revient s'installer chez sa mère avec son amie Lane qui la surnomme Green. La cohabitation est orageuse. La mère découvre qu'il s'agit de lesbiennes qui vivent en couple depuis sept ans et ne comprend pas ce qui est arrivé à sa fille. « Ai-je transmis à ma fille un mauvais sort ? » se demande-t-elle. De plus la mère a peur du qu'en-dira-t-on. Green s'est embarquée dans un mouvement de protestation contre les licenciements opérés par l'université visant des professeurs homosexuels. Des heurts surviennent avec des contre-manifestants violents. Les deux jeunes femmes sont molestées, et une manifestante de leurs amies est gravement blessée. L'attitude très bienveillante de Lane pourrait, à la longue, arrondir les angles.
C'est un roman qui mélange plein d'acrimonies et d’inquiétudes et parfois aussi des bon sentiments. L'écriture est plutôt quelconque et comme le roman est assez court ça se lit très vite et s'oublie probablement aussi vite.
• KIM Hye-Jin: A propos de ma fille. - Traduit du coréen par Kyungran Choi et Pierre Bisiou. Gallimard, 2022, 174 pages.