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Le polar régionaliste occupe une étagère à part près de la caisse chez mon libraire. Je n'ai jamais eu la curiosité d'y piocher un titre. Or un ami m'a suggéré la lecture de l'un de ces petits chefs-d'œuvre ignorés des médias nationaux — bien à tort car on ne devrait pas bouder le plaisir de lire une enquête bien entortillée comme celle-ci.
L'affaire se passe en marge du sommet de La Baule en juin 1990 quand François Mitterrand recevait des chefs d’État africains pour les convaincre des bienfaits d'un peu de démocratie. La police locale est donc sur les dents. Venu en renfort du Quai des Orfèvres, le commissaire Anconi laisse à son adjoint une enquête en cours concernant des incidents dans le métro. A peine arrivé dans la station balnéaire, ce nostalgique du soleil de Marseille doit s'occuper du meurtre d'un homme jeté à bas du petit train qui promène les vacanciers sur l'avenue du bord de mer, après que de vraies touristes ont été délestées de leur sac.
Cet Alain Bauger n'était pas un touriste comme les autres ; il semblait venu de Tours seulement pour photographier quelques immeubles donnant sur la plage et des façades des commerces avenue De Gaulle, dont une pharmacie, celle que tient Charles-Edouard Pasquier. Les trois générations de sa famille se trouvent étrangement placées au cœur de l'intrigue : son jeune frère drogué, son père ancien militaire, son oncle ex-flic et jusqu'à son grand-père Alfred sont également suspectés.
L'histoire se complique suffisamment pour que les lecteurs rencontrent une vieille dame aux tenues pittoresques qui débite des poèmes à tout bout de champ, des agents immobiliers, des notaires, et des archives de Vichy — du temps où les « bons Français » dénonçaient les juifs, surtout si c'étaient leurs rivaux en affaire et s'ils possédaient des terrains à construire...
• Rémi Devallière : Sacré bidule à Pornichet. Éditions Alain Bargain, Quimper, 2016, 416 pages.