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Le commissaire Charitos est un type plutôt tenace qui n'aime pas qu'on le bouscule quand il élucide des meurtres. Vu les consignes du nouveau sous-chef de la Sûreté nationale, le voici tenu de terminer ses enquêtes sans trop s'inquiéter des commanditaires, dès lors que les coupables ont avoué. Or, trois assassinats surviennent tandis que les Athéniens fêtent Pâques. Lalopoulos, le responsable des marinas, tombe le premier. Hardakos, l'armateur, est tué dans son bureau. Sotiropoulos, le journaliste consciencieux, est tué devant chez lui. Il est question de pots-de-vin, de trafic de cocaïne ; de cargos attaqués par des pirates ou des mafieux et d'assureurs méfiants ; et des secrets du disque dur de l'ordinateur portable du dernier.

 

« À l'époque de mon père brigadier [remarque le commissaire Charitos qui se rappelle le temps de la dictature], on cherchait un homme de gauche pour lui coller le crime sur le dos, et terminé. Aujourd'hui on cherche un immigré. » De fait, on arrête un Afghan et un Pakistanais, deux Géorgiens, un Irakien... Sans doute sont-ils devenus des hommes de main pour survivre, tandis que d'autres tirent les ficelles dans les coulisses, peut-être des mafieux, peut-être des hommes du nouveau régime...

 

Le mérite de ce polar est de plonger dans le présent de la Grèce. Peu après les Jeux Olympiques, le pays a sombré en 2008, et pour près d'une décennie, dans une crise exceptionnellement dure, avec de fortes baisses des salaires et une dégradation impressionnante des conditions de vie. Dans ce roman, l'auteur imagine qu'un renouveau économique inespéré survient dès 2017. Rompant avec les partis classiques, des hommes politiques inconnus réunis sous l'étiquette ETSI ont gagné les élections. Et voici qu'en quelques mois le pays connaît un boum financé par l'argent des banques offshore, d'où le titre. C'est sans doute de l'argent sale, comme s'en doutent le commissaire, son gendre allemand et certains de ses proches. Raison de plus pour motiver le commissaire Charitos, mais ça semble trop tard pour sa carrière ! Heureusement, il y a toujours les tomates farcies de son épouse...

 

Petros Markaris : Offshore. Traduit du grec par Michel Volkovitch. Éditions du Seuil, 2018, 296 pages.

 

Tag(s) : #LITTERATURE GRECQUE, #Polar
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