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Un pénitencier érigé à l'écart, dans l'île d'Asinara au large de la Sardaigne : c'est là que sont incarcérés le fils de Paolo et le mari de Luisa. On est au temps des “années de plomb”, au temps des terroristes aveuglés par une idéologie en porte-à-faux avec la société italienne de l'époque. Le fils de Paolo a trempé dans la violence politique des Brigades rouges. Le mari de Luisa, lui, était violent de nature.
Paolo et Luisa ne se connaissaient pas. Ils se rencontrent sur le bateau qui les amène de Porto-Torres au pénitencier. Ils accomplissent leurs visites comme prévu. Mais la tempête, la folie d'un détenu et un accident de circulation les obligent à passer la nuit sur l'île, aux bons soins d'un gardien de prison et de son épouse qui les accueille le temps d'un dîner.
Le récit ajoute la brutalité des éléments déchaînés à la violence des hommes. Et en même temps les personnages réunis par ce contre-temps font preuve de compréhension, de tact, voire de douceur. Le temps d'une partie de pêche, d'un dîner, et des conversations qui suivent, ils apprennent à se connaître et à casser le mur d'incompréhension prévisible entre un gardien de prison et des parents de ses taulards.
Après cet épisode, Paolo et Luisa repartiront sur le même bateau et partageront la même cabine. On aurait pu préférer une fin ouverte. L'autrice, qui a enquêté sur les parents de détenus, a choisi une solution plus documentaire et réaliste nous emmenant trente ans après. Néanmoins, ce bref roman conserve un charme et une gravité bien mis en lumière par une écriture splendide qui respecte les émotions.
• Francesca Melandri - Plus haut que la mer. - Traduit par Danièle Valin. Gallimard, 2015, 201 pages. [Più alto del mare, 2011]. Prix Stresa 2012.