Caterina Bonvicini : Les Femmes de

Pour le repas de la veille de Noël, à la maison de Milan, Vittorio n'est pas venu. Elles étaient pourtant présentes toutes les sept : Lucrezia sa mère, Ada son ex-femme, Francesca sa sœur, Cristina son épouse, Paoletta la fille aînée, Camilla la jeune maîtresse et Giulia la fille cadette.

L'action se passe dans un milieu culturel aisé. Lucrezia exerce encore sa profession de designer et doit s'envoler pour l'aménagement d'un hôtel à Tokyo. Vittorio est un romancier célèbre, sa sœur est universitaire. Sa jeune maitresse est chargée de relations publiques chez son éditeur, etc. Seules les deux filles contrastent avec le prestige ambiant : l'une est taxi et l'autre redouble au lycée et est droguée aux réseaux sociaux.

Après Noël, viennent le Carnaval, puis Pâques et l'Assomption... Toutes les fêtes regroupent les femmes de Vittorio sans Vittorio. Il a bel et bel disparu. La police même enquête — sans succès. L'absence de Vittorio, paradoxalement transfigure ce groupe de femmes. Les deux épouses sympathisent. La maîtresse même est incluse du moins au début — ensuite c'est vrai qu'on oublie de l'inviter à la villa dans les Alpes. « Vous semblez très joyeuses depuis que mon fils a disparu. Comme s'il vous avait rendu service » déclare la grand-mère à l'occasion de leur réunion pour Pâques ! D'ennemies et rivales ces femmes sont devenues des copines... enfin presque.

Et c'est vrai que ce roman est plutôt réjouissant. Ce pourrait être une tragédie, si Vittorio avait eu un accident, été victime d'un enlèvement, etc. Mais au contraire c'est une comédie italienne de très bonne tenue. Et on pourrait dire la même chose du « dénouement » lors de la saint Ambroise — c'est lui le patron à Milan. Vittorio reviendra-t-il pour l'anniversaire de sa fille ? Le roman de la Bonvicini — comme on dit en Italie — est une friandise.

• Caterina Bonvicini : Les Femmes de. - Traduit par Lise Caillat. Gallimard, 2020, 216 pages [Tutte le donne di. 2016].