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L'incipit annonce bien l'idée du roman : « La plupart des gens sont seuls, ou se sentent seuls, ou ont peur de l'être. Peut-être est-ce pour ça que certains se comportent de manière vraiment merdique. » Les personnages d'Ann Scott vont largement confirmer cette réflexion.
Alex vit de la musique qu'elle compose et trouve ses clients par les réseaux sociaux. De longue date elle était amie de Jean, puis elle fut brièvement sa maîtresse, c'était une mauvaise idée et ça a mal fini. Alors Jean est parti s'installer à Berlin et y trouver l'âme sœur. Alex a décidé de quitter Paris pour la côte du Finistère, loin du bruit et de la foule, bien qu'elle ait des relations solides avec Jacques et Margot. Ils formaient un beau trio.
Jacques se retrouve donc seul avec Margot. « Et maintenant Alex est partie et [Jacques] attend Margot, et aussi odieux que ça puisse sembler de regarder les choses sous cet angle-là, il sait qu'il a perdu au change ». De fait, « Margot est cinglée et Alex est un ovni. »
L'ovni a atterri dans une villa isolée sur la côte, sans même l'avoir visitée, mais avec de belles plages à deux pas. Une amie l'a pourtant mise en garde, de louer pour un an et peut-être plus dans ce coin paumé, à des kilomètres de toute ville, elle qui n'a pas de voiture. Avant même l'arrivée des déménageurs, elle est convaincue d'être arrivée sinon au « paradis » du moins dans un endroit idéal pour composer et passer de la musique à fond sans gêner les voisins puisqu'il n'y en a pas. Évidemment, à l'usage, le choix n'est pas aussi reluisant, et après avoir trouvé un crapaud dans son séjour elle s'interroge. D'autant que le covid vient d'imposer le confinement.
« Qu'est-ce qu'elle aimerait, là, si elle pouvait choisir. Quelqu'un de cinglé qui lui mette la tête à l'envers, ou quelqu'un d'équilibré avec qui avoir des conversations nourrissantes devant la cheminée ? Putain, non, ni l'un ni l'autre, elle veut juste la paix. » La paix, la veut-elle vraiment ? Ne regrette-t-elle pas plutôt que Jean revienne sur sa décision, n'espère-t-elle pas que Margot sorte de sa légèreté égoïste, et que Lou reprenne contact, etc... ? À moins que Jacques ne débarque avec ses valises.
Voilà un roman « juste » léger (je reprends le tic d'écriture de l'auteure), qui ne bouleverse pas le roman contemporain mais qui se lit agréablement. Quant au titre, Les Insolents, eh bien il ne se rattache à rien. Bref, il fait « juste » joli.
• Ann Scott : Les Insolents. - Calmann-Lévy, 2023, 193 pages.