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C’est un huis-clos tragique et théâtral : dans le décor d’une île anonyme dévastée par « la tempête du siècle », les acteurs, aux relations déjà tendues, sont tous contraints de cohabiter. C’est un roman choral de narration complexe : le lecteur bousculé est submergé par l’intrigue comme les personnages par l’ouragan.
Le vieux Victor veut épouser Magalie, « la putain du village » de vingt ans sa cadette. Il joue « le rôle du vieillard sénile » pour couper les ponts avec ses enfants Jonas et Édith, débarqués dans l’île pour le raisonner. Leur mère Julia les a jadis abandonnés : tous deux ont été mal aimés et gardent toujours « ce sentiment d’être lâchés à poil en pleine nature ». À l’époque violent et alcoolique, Victor avait enfermé Édith trois jours à la cave : vingt ans après, elle en garde encore la haine pour son père. Forte tête, stérile, elle multiplie les aventures sans lendemain ; entre drogue et alcool elle mène « une vie dissolue ». À l’inverse son frère Jonas, indécis, dépressif, méprisé de son père, va convoler en troisièmes noces avec Agatha mais reste en secret amoureux de sa sœur qu’il surveille en permanence. Celle-ci retrouve un copain d’enfance, Joël, et son frère Antony, tous deux fous de désir pour elle : c’est l’occasion de nouveaux jeux sexuels... Mais Sousou, la femme de Joël, sonnera la fin du spectacle : les jeux sont faits...
Dans cette « ambiance de fin du monde » chacun se découvre à la fois victime et coupable. Rien de bien original dans ce roman si ce n’est le processus narratif : « Faites vos jeux » sera peut-être un roman de plage si le lecteur s’accroche à sa bouée ....
• Philippe Djian : Faites vos jeux. - Julliard, 2024, 232 pages.
Lu par Kate.