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Tanguy est l'enfant d'un couple franco-espagnol et bancal. Le récit de ses malheurs commence durant la Guerre civile : quand les Républicains sont en mauvaise posture, Tanguy et sa mère quittent Madrid, embarquent à Valence sur un bateau de réfugiés. Après une escale à Oran, ils se retrouvent dans un camp de concentration dans le Sud de la France, où une prisonnière juive, Rachel, prend plus soin du petit garçon que sa mère. Il tombe très malade et survit tout de même. Son père, qui fricote avec le régime de Vichy, vient chercher Tanguy et sa mère, mais bientôt les abandonne — à moins qu'il ne les livre à la police du Maréchal qui pourchasse les communistes, comme sa mère, émule de la Passionaria. Il est clair que les parents sont en plein désaccord politique.

 

La mère de Tanguy veut quitter la France pour le Mexique : il leur faut à nouveau rejoindre le port de Marseille. Par raison de sécurité, la mère prend le train seule, Tanguy se joignant à une autre famille pour donner le change. A Marseille, sa mère le confie à des passeurs mais Tanguy est pris dans une rafle de Juifs et malgré ses dénégations se retrouve dans un convoi de déportation vers l'Est. Il survit par miracle aux violences des kapos et des SS, protégé un temps par un jeune pianiste antinazi et par la photo de sa mère. Quand le camp est libéré par les troupes alliées, il est renvoyé en France puis en Espagne où sa grand-mère est censée l'accueillir. Mais celle-ci est décédée entre temps et voilà notre pauvre Tanguy plongé dans un univers presque aussi sinistre que le camp nazi : il est placé dans un couvent géré par des Frères qui ne semblent pas avoir entendu parler de charité chrétienne. Un médecin l'encourage à fuir avec une lettre d'introduction pour un établissement jésuite plus sympathique, à Úbeda, et après de bonnes études, voilà Tanguy qui tente de gagner sa vie comme ouvrier d'une cimenterie puisque son père ne répond pas à ses lettres et que sa mère est introuvable. Après de nouvelles errances à San Sébastien, où un jeune homosexuel l'aide à passer en France, le voici débarquant à Paris, où ni son père ni sa mère (qui n'était pas partie en Amérique) ne l'acceptent vraiment : l'un comme l'autre le traitent avec mépris et ce désamour final est réciproque ! Voilà de quoi forger un caractère...

 

Grand lecteur de Dostoïevski, Michel del Castillo a quand même vraiment “chargé la barque” comme on dit. Cependant, à chaque coup dur, Tanguy a trouvé de l'aide, le soutien d'un bon Samaritain. Néanmoins l'accumulation des malheurs et déboires à répétition subis par le jeune héros entre 1938 et 1955 est si ahurissante qu'on s'imagine que tout est inventé. Grosse erreur, c'est très largement autobiographique ! En somme Tanguy est un chef-d'œuvre qui touche d'autant plus le lecteur que l'écriture en est d'une grande simplicité.

 

• Michel del Castillo : Tanguy. Histoire d'un enfant d'aujourd'hui. - Julliard, 1957. Rééditions : Gallimard, collection blanche, 1995, 304 pages, Folio, 1996 ; et Flammarion “Étonnants classiques” 2014, 320 pages.

 

 

 

 

Tag(s) : #LITTERATURE FRANÇAISE
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