Entre Macronie et pandémie, David Foenkinos imagine « la vie heureuse », selon le titre emprunté à Sénèque. Anciens élèves du lycée de Rennes, Eric Kherson et Amélie Mortiers se sont retrouvés sur Facebook. Tous deux mènent de brillantes carrières aux dépens de leurs vies de couple. Lui, divorcé d’Isabelle ne porte guère d’intérêt à leur fils, Hugo. Elle, très professionnelle, délaisse son époux et ses deux filles. Elle recrute Eric au secrétariat d’Etat au commerce extérieur et l’emmène en mission chez Samsung à Séoul. Mais tout capote.
Errant en ville, Eric découvre une boutique « Happy Life », « un de ces centres qui organisent de faux enterrements », très nombreux en Corée pour lutter contre l’augmentation du nombre de suicides. Car se confronter à sa propre mort redonne sens et valeur à la vie. » On devrait même, pour aimer plus encore la vie, être mort une fois ». En exergue au roman, cette citation de Charlotte Salomon, peintre allemande morte en déportation, donne à comprendre l’efficacité de cette thérapie. Mélancolique et dépressif, Eric tente l’expérience : allongé dans son cercueil il « se sent apaisé de tout » et renaît « de manière quasi mystique », à tel point qu’il importe avec succès cette thérapie de choc en France et se rapproche de son fils. Pour eux le confinement n’est que bonheur, à l’inverse d’Amélie. Licenciée, cette copine de Macron déprime : après son divorce et une aventure sans lendemain elle tente à son tour la thérapie coréenne et en ressort apaisée, « soulagée d’être en vie »... grâce à Eric.
Certes David Foenkinos parvient à plonger le lecteur dans la conscience des personnages et sait faire monter au bon moment l’intensité dramatique. Mais, s’il qualifie son récit de « comédie romantique » on y voit plutôt un conte de fées au final mélo sirupeux. L’ensemble manque de profondeur et le style ne réveille guère l’intérêt du lecteur malgré quelques bonnes formules.
• David Foenkinos : La Vie heureuse. - Gallimard, 2024, 200 pages.
Chroniqué par Kate.