Une trentaine d’historiens se sont efforcés, avec plus ou moins de bonheur, de déconstruire nombre de préjugés, ces opinions à priori, souvent dépréciatives, fondées sur l’ignorance, la rumeur, la différence raciale ou sociale. Ils stigmatisent souvent des groupes humains, toutes figures de l’Autre, soit-il Anglais, gitan ou homosexuel. Ce sont des clichés qui se veulent des vérités. Beaucoup perdurent depuis des siècles ; en outre chaque époque crée les siens et la nôtre n’y échappe pas : ainsi les vaccins nuiraient à la santé, les écolos seraient des ennemis du progrès et les banlieusards de la racaille en puissance...
Chaque historien a cherché l’origine d’un préjugé et a suivi ses variations à travers les époques : parfois les préjugés semblent oubliés, mais toujours ils réapparaissent et personne n’y échappe. Chacun sait que « toutes les femmes sont hystériques » et que « tous les hommes sont machos »...
Où l’on apprend que les Gaulois n’ont jamais été nos ancêtres sauf au début du XX siècle dans les manuels scolaires où on les comparait aux Noirs d’Afrique ; qu’ils n’avaient rien de brutes sauvages mais se battaient pour capturer des prisonniers car ils pratiquaient l’esclavage comme les rois noirs au XVIII° siècle.
Où l’on découvre que la peur du « grand remplacement » des Blancs européens par des immigrés musulmans fonde le préjugé raciste.
On entend dire que « les réfugiés profitent du système » : infondé puisque le statut de demandeur d’asile est bien différent de celui d’immigré, ce préjugé commence à stigmatiser les réfugiés ukrainiens. Après un élan de solidarité, leur exil se prolongeant suscite la méfiance !
Ce recueil, véritable « manuel d’autodéfense intellectuelle » permet de prendre conscience de nos préjugés pour lutter contre eux car à force de stigmatiser les préjugés peuvent tuer.
• Jeanne Guérout et Xavier Mauduit (sous la direction de) : Histoire des Préjugés. Les Arènes, 2023, 464 pages.
Chroniqué par Kate
=> A noter aussi parmi les contributions :
Jeanne Guérout : Les gros manquent de volonté.
Xavier Mauduit : Les intellectuels sont déconnectés du réel.
Sabine Dullin : Les Russes ont besoin d'un homme à poigne.
Michel Pastoureau : Le vert porte malheur.
Martial Poirson : L'art contemporain n'est pas vraiment de l'art.