Pourquoi de jeunes diplômés veulent-ils changer de vie ? Jean-Laurent Cassely avait déjà étudié cette tendance dans la première édition de « La révolte des premiers de la classe » publiée en 2017. Celle-ci est enrichie de références et de témoignages nouveaux cinq ans après.
On remarque un désintérêt grandissant de jeunes diplômés pour les emplois de la finance, de l’informatique ou de la communication. Même si leurs salaires sont élevés, ceux qui ont fait Centrale, Supélec, Polytech ou Mines Paris Tech ne trouvent plus de sens à leur activité parce qu’ils ne voient pas le résultat de leurs efforts. La mondialisation, la bureaucratisation, et la numérisation dématérialisent le travail et l’éloignent de la réalité. S’ajoutent l’ennui devant des écrans et la crainte du déclassement car les « premiers de la classe » sont de plus en plus nombreux et les salaires moins attractifs. 5% de ces jeunes choisissent de se reconvertir Cette « nouvelle élite » rêve d’un travail concret, manuel, à proximité des clients : dans le petit commerce, la restauration, en ouvrant un foodtruck ou une fromagerie ces jeunes diplômés vivent enfin une vie épanouissante. En quête d’une existence plus authentique ils quittent les métropoles pour les petites villes : la pandémie a fait émerger ce besoin de changer de lieu de vie.
Toutefois, selon l’auteur, ce sont surtout ceux des catégories sociales supérieures avec un capital culturel et économique élevé — à plus de 30.000 euros de revenu annuel — qui peuvent réussir cette reconversion. Ce mouvement marginal ne transformera pas la structure sociale. Néanmoins on risque d’assister, d’après J.-L. Cassely, à l’émergence d’une société clivée, entre ceux qui ont les moyens de choisir leur mode de vie et les autres, pleins de rancœur.
Cet essai bien documenté permet de prendre du recul sur ces reconversions tant à la mode dans les médias.
• Jean-Laurent Cassely. La Révolte des premiers de la classe. Changer sa vie, la dernière utopie. Arkhé, 2022, 235 pages.
Chroniqué par Kate.