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C’est en spécialiste des cultures asiatiques que Nicolas Idier œuvrait pour l’ambassade de France en Chine. Sa nouvelle mission l’emporte en Inde, toujours pour y développer les relations culturelles. Dès son atterrissage à Delhi, le meilleur et le pire se conjuguent et c’est cette intrication qui fonde l’essentiel de ce livre de souvenirs et d’humeurs.

 

Commençons par le pire ! Dès l’aéroport de Delhi l’auteur s’évanouit une première fois frappé par les 42° et la pollution. En effet, les taux de pollution atmosphérique crèvent les plafonds fixés par les normes internationales bien plus qu’à Pékin et Shanghai. Une virée avec le chauffeur de l’Institut français jusqu’à une montagne d’ordures qui a dévoré un parc de la périphérie, où s’activent les plus pitoyables des humains le fait plonger au fin fond de la misère. Passons sur la circulation infernale. L'auteur est bientôt choqué de découvrir que la société indienne, bien qu’elle se présente à la communauté internationale comme “la plus grande démocratie du monde”, repose essentiellement sur l’inégalité et la discrimination. La chose lui est révélée quand un ouvrier intouchable vient à la maison pour un débouchage des toilettes : il lui est interdit d’accepter même un simple verre d’eau humblement offert. Dès lors, c’est la prise de conscience de l’inacceptable système des castes que l’indépendance et le Parti du Congrès n’ont pas fait disparaître et que le régime actuel au contraire renforce. Une bonne partie de ce livre documenté se transforme ainsi en dénonciation du gouvernement de Narandra Modi, de son parti le BJP, et de la milice extrémiste, le RSS, qui ne semble créée que pour en découdre avec tous ceux qui ne sont pas des nationalistes hindouistes hyper-excités. Là est la justification du titre. L’auteur rappelle ainsi les crimes commis depuis des années contre les musulmans du pays. Le gouvernement de Modi, surfant sur la vague nationaliste depuis les attentats du début du siècle, s’en prend maintenant aux intellectuels qui rêvent de liberté de la presse, de liberté à l’université, et de liberté de réunion.

 

Ceci nous conduit aux meilleures impressions et aux meilleurs souvenirs du séjour de l’auteur en Inde. Comme par hasard, se rendant à la librairie la plus proche de l’ambassade, Nicolas Idier y rencontre Arundhati Roy, l’auteure mondialement célèbre du Dieu des petits riens. C’est le point de départ d’une profonde amitié, à la fois littéraire et personnelle. Si Arundhati Roy est montrée comme étant l’une des figures de proue de la contestation du système politique que Modi incarne, on sait qu’elle est aussi une représentante du combat pour une agriculture écologique, et une féministe en lutte contre le machisme ambiant. Elle contribue aussi à introduire le Français dans des cercles cultivés. Ainsi se passent quatre années de mission culturelle, facilitées par l’installation réussie de la famille, les jeux du petit Henri avec le fils du chauffeur, et la naissance d’une petite fille. A l’heure de quitter l’Inde, beaucoup d’impressions négatives auront disparu...

 

Ce livre sans aucun doute très sincère ce situe dans la longue série des ouvrages qui expriment le choc culturel ressenti par l’Occidental débarquant en Inde pour y vivre spécialement dans les métropoles comme Delhi, Bombay et Calcutta.

 

Nicolas Idier : Dans la tanière du tigre. Stock, 2022, 281 pages.

 

Tag(s) : #LITTERATURE FRANÇAISE, #INDE
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