Écrites en 1882-83, ces dix-sept savoureuses nouvelles de Guy de Maupassant sont reliées entre elles par la Normandie où elles se passent et par l'artifice d'un hobereau passionné de chasse qui invite ses amis à savourer des bécasses à charge pour eux de raconter une histoire.
La société rurale dessinée par le nouvelliste est remarquable par plus de défauts que de qualités morales. Ce cochon de Morin donne le ton. La pingrerie, l'avarice, la bêtise, la muflerie, la concupiscence, la couardise, la méchanceté, et diverses bassesses sont au rendez-vous des portraits masculins. Les femmes, de leur côté, brillent par leur naïveté (Les Sabots), leur détermination (La Rempailleuse), leur habileté (Le Testament) voire le cynisme (Un Coq chanta).
Les deux derniers textes se rejoignent par l'inspiration de la Guerre de 1870 — que Maupassant passa comme employé au bureau de l'intendance à Rouen. Dans les deux cas, un soldat prussien se retrouve face à l'abondance gastronomique des campagnes normandes ! L'un y perd la vie (Saint-Antoine), l'autre est heureux de se retrouver prisonnier (L'Aventure de Walter Schnaffs).
Le style toujours remarquable n'hésite pas à utiliser le patois normand et la chute des nouvelles est souvent mémorable.
• Guy de Maupassant. Les Contes de la Bécasse. Livre de Poche, 190 pages. Publié aussi chez Folio, Librio, Garnier-Flammarion...