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Dans ce brillant essai paru en 2016 aux États-Unis la philosophe Susan Neiman stigmatise la société occidentale qui maintient les individus dans le refus de grandir parce que, comme l’affirmait Kant, « des sujets infantiles et obsédés par eux-mêmes sont plus faciles à diriger. Les gouvernements préfèrent des sujets immatures plutôt que des citoyens indépendants. » En  convoquant les textes de Rousseau, Kant et Arendt, l’auteur nous convainc que la jeunesse n’est pas « le plus bel âge de la vie ».

 

Pour elle, grandir c’est avoir l’audace de penser par soi-même, contre la doxa ; c’est « refuser de succomber au dogmatisme comme au désespoir ».  En conséquence, « grandir, c’est vivre sans certitudes ». Cela nécessite l’effort de ne pas se contenter du monde tel qu’il est et de se battre pour ce qu’il devrait être. Selon Susan Neiman la maturité c’est de se confronter à cet écart. Or, on présente l’âge adulte comme un déclin, on idéalise la jeunesse et les adulescents prolifèrent ! Notre société nous infantilise et « Internet rétrécit l’horizon ». Susan Neiman estime que notre système éducatif tue le désir d’apprendre et ne forme pas l’esprit critique.

 

Si avoir vingt ans est le plus bel âge de la vie, c’est que l’avenir sera sombre. Faux ! affirme la philosophe. Car vieillir c’est accepter de grandir, de devenir adulte et libre d’esprit. « La peur de grandir c’est la peur de la vie plus que celle de la mort » affirme-t-elle.

 

Voilà des pages stimulantes qui devraient amener tout lecteur à une remise en question.

 

Susan Neiman. Grandir. Éloge de l'âge adulte à une époque qui nous infantilise. Traduit par Cécile Dutheil de la Rochère. Premier Parallèle, 2021, 293 pages.

Chroniqué par Kate

Tag(s) : #EDUCATION, #ESSAIS, #LITTERATURE ETATS-UNIS
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