« Lasciate ogni speranza voi ch'entrate ! » Le vers de Dante était gravé à l'entrée de la maison, à côté de la sonnette, mais Salomón Rulfo n'en a pas tenu compte... Il était venu sur les lieux du crime et tout s'enchaîna...
Avez-vous jamais imaginé quel peut être le pouvoir de la bonne poésie ? Salomón Rulfo avait enseigné la poésie à l'université mais il n'avait pas pensé un instant au pouvoir de certains vers savamment déclamés par la bouche de femmes troublantes.
Dans ce roman vertigineux, Salomón Rulfo — dont le nom m'évoque évidemment l'auteur mexicain réputé pour son réalisme magique — fait l'expérience inouïe du pouvoir de la poésie par une suite de circonstances qui d'emblée captent l'intérêt du lecteur.
Depuis l'accident de voiture qui avait coûté la vie à son amie Beatriz Dagger des cauchemars récurrents minaient son esprit. Il revivait nuit après nuit un crime perpétré dans une villa où une femme vivant seule avait été sauvagement assassinée. Après une émission de télévision relatant ce crime, la vision onirique a rejoint la réalité : la victime s'appelait Lidia Garetti. La curiosité de Salomón est piquée au vif et il se rend de nuit sur les lieux de l'affaire. Raquel, une prostituée hongroise, à eu — bizarrement — la même idée. Sur les lieux ils constatent que la victime était passionnée de poésie. En fouillant la maison, ils découvrent une liste, un curieux pendentif en or, et une figurine de cire dont ils s'emparent. Ils vont désormais se retrouver enchaînés dans cette aventure aussi poétique qu'horrible.
Par un ami universitaire Salomón Rulfo se retrouve bientôt persuadé d'être sur la piste d'une société secrète, composée de douze ou treize immortelles égéries qui à travers les âges ont inspiré les plus grands poètes : Ovide, Shakespeare, Gongora, Milton, Lorca... Surtout, au sein de leurs œuvres, elles ont inspiré certains vers magiques. Mais ces muses n'ont rien de charmantes statues de marbre...
Ce sont treize sorcières qui utilisent ces vers pour déclencher des forces obscures, accomplir leurs desseins les plus noirs et se battre pour s'incarner dans la peau de vraies femmes, et par exemple rajeunir leur incarnation, ou se venger sadiquement de qui leur résiste. Raquel, justement, semble en avoir été victime, et le sera encore quand ils se lanceront à la recherche de la Dame n°13, celle qui porte le malheur, plus que les autres si c'est possible. Akelos, Saga, allez savoir qui est la pire de ces Dames et le fait que Rulfo les rencontre nues ou dans de transparentes robes rouges n'a rien de rassurant...
Cliniques mystérieuses, patients torturés, rendez-vous fatals, maléfices variés, les deux héros et leurs proches vont tout connaître. L'imagination de José Carlos Somoza est sans limite.