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Après avoir exercé comme médecin à la campagne, à la ville, et à l'armée, Mikhaïl Boulgakov s'est lancé avec passion dans l'écriture pour le théâtre. Il ne pouvait que s'intéresser à une figure aussi remarquable que celle de Molière connu pour ses querelles avec les médecins du “Grand Siècle”. Il en résulta la pièce Molière ou la cabale des dévots (1929) et ce roman achevé en 1933.

 

Humoristique et réaliste, Le roman de monsieur de Molière se présente comme une biographie romancée où l'auteur fait entendre sa voix, c'est-à-dire son enthousiasme pour les pièces de Molière et son empathie pour l'homme né Jean-Baptiste Poquelin dans le Paris de 1622.

 

Après ses débuts difficiles marqués par les tournées de l'Illustre Théâtre principalement dans le midi du royaume, on voit Molière s'installer dans la capitale et réussir des spectacles retentissants au théâtre du Petit-Bourbon puis du Palais-Royal tout en rivalisant avec les comédiens de l'Hôtel de Bourgogne. Boulgakov nous intéresse aux relations de Molière avec le roi Louis XIV — plus solaires que celles qu'il eut avec Staline — et à l'évolution de sa troupe administrée par Madeleine Béjart. Les guerres de Molière contre les ridicules de son temps, contre les dévots, et contre les médecins ont abouti aux chefs-d'œuvre que l'on sait et l'écrivain russe ne fait pas mystère de ses préférences. Il va jusqu'à souligner leurs succès par l'importance des recettes — pas nécessairement proportionnées à la notoriété actuelle des pièces.

 

Ayant bien connu la censure soviétique après 1925, Boulgakov montre comment Molière eut à subir les foudres des censeurs, l'opposition des vrais et faux dévots et de l'Eglise, l'hostilité de nombreux gentilshommes et courtisans, et jusqu'à l'hostilité des médecins dont il s'était tant moqué. L'auteur n'ignore pas les ragots et les rumeurs colportées dans les salons : beaucoup concernent la jeune Armande Béjart que Molière épousa après avoir eu sa mère comme maitresse. En revanche il pouvait compter sur l'amitié de La Fontaine et de Boileau.

 

Voilà en somme une lecture agréable pour se souvenir de la difficulté d'être comédien dans la France du ”Grand Siècle”. Le scandale faisait déjà partie de la vie culturelle : les réseaux sociaux n'ont rien inventé.

 

Mikhaïl Boulgakov. Le roman de monsieur de Molière. Traduit du russe par Michel Pétris, Gallimard, 1972, coll. Folio, 283 pages.

 

 

Tag(s) : #LITTERATURE RUSSE
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