Au temps où l'on s'embarquait encore à Cherbourg sur le Queen Mary pour traverser l'océan jusqu'à New York, c'était en 1955, le jeune Arthur Morgan avait bénéficié d'une bourse d'études dans une prestigieuse université de Nouvelle-Angleterre.
Sur le paquebot il fait la rencontre de plusieurs personnages qui contribueront à sa destinée. Un professeur alcoolique, un conseiller de la Maison Blanche, et trois jeunes gens à peu près de son âge : Augusta Mendosa, son frère Getulio et leur amie Elizabeth Murphy. Il est autant captivé par ces deux jeunes femmes, que mal à l'aise avec Getulio inscrit dans la même université que lui et dévoré par le jeu. Les deux Brésiliens sont traumatisés par l'assassinat de leur père sous leurs yeux. Augusta, qui a une charme fou, est particulièrement fragile, et son frère s'est donné un rôle de protecteur, l'éloignant fréquemment d'Arthur, d'autant qu'il s'est mis en tête de la marier à un riche compatriote. De Boston où les garçons étudient à New York, le distance est modeste et Elizabeth ne manque pas d'y inviter Arthur chez elle. Celle-ci saura à la fois favoriser la passion d'Arthur pour Augusta et lui faire payer d'un prix inusité les deux semaines de grand amour qu'elle leur aura permis de passer dans sa villa de Key Largo en Floride. Après quoi Arthur s'est lancé avec succès dans la vie professionnelle et a repoussé toute idée de vivre en couple.
Vingt ans plus tard, le hasard fait que Getulio, Augusta et Elisabeth vont de nouveau croiser sa route. C'est seulement à ce moment qu'Arthur devenu un solide expert financier pourra faire le bon choix sentimental.
Avec ce roman d'une écriture classique — et qui évite le franglais au point de rassasier des New-yorkais avec des « chiens chauds » — l'académicien Michel Déon nous donne à la fois une initiation à l'Amérique par un jeune Français au début des Trente Glorieuses, un exemplaire roman de formation qui propulse le jeune étudiant dans « la cour des grands » pour la satisfaction de sa mère, et une intrigue amoureuse à rebondissements qui enchantera lecteurs et lectrices.
• Michel Déon. La cour des grands. Gallimard, 1996, 341 pages.