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La guerre civile des années 1910, sujet abordé dans ce roman de Mariano Azuela (1873-1952), se retrouvera bien sûr des années plus tard dans la littérature mexicaine, avec par exemple Le Vieux Gringo de Carlos Fuentes qui développe amplement le thème. L'intérêt de ce bref roman est qu'il a été écrit dans le feu de l'action, publié dans la presse hispanique du Texas en 1916 puis republié en volume à Mexico en 1925, obtenant alors une réception favorable. L'auteur, né en 1873 dans l'Etat de Jalisco, s'engagea comme médecin militaire dans l'armée du chef révolutionnaire Juliàn Medina qui lui a servi de modèle pour le personnage de Demetrio Macías, comme nous l'apprend Valéry Larbaud dans la préface.

 

Quasiment seul au début de l'action, Demetrio Macías se retrouve seul à la fin du livre, dernier résistant face à l'armée fédérale de Carranza. Entre temps, Demetrio est devenu un chef de bande qui a connu la réussite dans les coups de main contre les villages et les caciques et ses faits d'armes lui ont permis de monter en grade et rejoindre une plus grande troupe, celle du général Natera allié aux forces de Pancho Villa, pour aller attaquer Zacatecas.

 

Du point de vue de la composition romanesque, on retient surtout une série de courts chapitres, sortes de saynètes échelonnées tout au long de l'épopée de la petite troupe de Demetrio, plutôt qu'une narration suivie et qu'une intrigue consistante. Cette série de scènes fort agréables à lire est très visuelle, quasiment prête pour un roman graphique ! Scènes de combats et scènes de pillages se succèdent. On se précipite sur le butin, mais le butin parfois est trop encombrant, on s'en débarrasse sans hésiter. Et puis vient l'heure du repos des guerriers. « Le bal fut très gai et l'on but beaucoup de mezcal ».

 

Un petit nombre de personnages retient l'attention du romancier. D'abord le héros, Demetrio Macías, qui a quitté sa femme, son fils et sa ferme de Limón, pendant deux ans pour se battre. Les autres combattants sont remarquables par leur diversité, l'un aime la guerre, les coups de feu et se signale par sa violence contre les civils ou les prisonniers : c'est Margarito dit le Blondin. Très différent, Luis Cervantes est un personnage à part ; il n'est pas paysan contrairement aux autres, il a fait des études médicales et est déserteur de l'armée fédérale, celle de Huerta. Anastasio, Pancrace, la Caille et les autres le qualifient de « Gandin ». Et puis deux figures féminines émergent : la Fardée, que Demetrio prend d'abord pour maîtresse, et puis la jeune Camilla : entre les deux femmes un autre conflit est inévitable...

 

Assez curieusement, les idées des révolutionnaires sont plutôt discrètes dans ce roman tout en action, et peu tourné vers les programmes politiques. C'est la guerre vue d'en bas, avec « ceux d'en bas » qui se fichent pas mal de l'idéologie.

 

 

Mariano Azuela. Ceux d'en bas. Traduit par Jeanne et Joaquin Maurin. Les Fondeurs de briques, Arles, 2007, 141 pages. Une autre traduction a paru chez L'Herne en 2009. (NB. Joaquin Maurin est l'un des députés du POUM élu en 1936 sous la République espagnole).

 

 

 

Tag(s) : #AMERIQUE LATINE, #MEXIQUE
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