Dans cette œuvre bouleversante et pleine de suspense, Jeanine Cummins met en scène une femme, Lydia, et son fils de huit ans, Luca, faisant tout pour échapper aux hommes lancés à leurs trousses par le chef d'un cartel de drogue. Comme des migrants d'Amérique centrale en quête de travail et soucieux d'échapper aux menaces des gangs, les voilà partis vers les Etats-Unis, pour rejoindre un oncle dans le Colorado.
Sans ménager le lecteur, Jeanine Cummins nous fait d'entrée de jeu assister au massacre de plusieurs personnes. Un bain de sang en pleine fête de famille, pour les quinze ans d'une jeune fille, la nièce de Lydia. Un drame atroce auquel Lydia et Luca n'ont échappé qu'en se réfugiant dans une salle de bain. « Il n'y a qu'une seule personne susceptible d'ordonner un tel bain de sang à Acapulco, et tout le monde connaît son identité. Javier Crespo Fuentes. L'ami de Lydia ». Cela paraît insensé.
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Lydia tient une librairie à Acapulco. Elle a épousé un journaliste d'investigation : Sebastiàn a accumulé tout un dossier sur le chef du cartel Los Jardineros, surnommé La Lechuza, qui vient de s'emparer d'Acapulco, transformant en enfer la paradisiaque station balnéaire. Or, Javier est un habitué de la librairie et une relation ambiguë s'est établie entre la libraire et son client assidu, amateur de poésies et bientôt amoureux de Lydia. Tous deux sont de grands admirateurs de Garcia Marquez… Et puis un jour, le travail de Sebastiàn permet à Lydia de voir qui est réellement son client. Le meurtre se produit plusieurs jours après la publication de l'enquête de Sebastiàn. Dans un premier temps, Javier a même apprécié cet article retentissant. Mais un événement que je ne dévoilerai pas ici l'a amené à changé d'avis et faire exécuter le journaliste et presque toute sa famille.
Aussitôt Lydia décide une fuite précipitée avec son fils. Toutes les difficultés et horreurs possibles se dresseront sur leur chemin. Sur la route conduisant à Mexico un barrage routier semble opéré par des hommes du cartel rien que pour les éliminer. Leur aventure sur le train de marchandise, « la Bête », menace de leur faire perdre la vie tandis que des ONG et des églises offrent des pauses aux migrants qu'ils sont devenus et à ceux qu'ils rencontrent. Naît ainsi une amitié avec Rebeca et Soledad, deux sœurs venues du Honduras pour échapper à un chef de gang violeur et meurtrier. Le courage de Luca, la volonté inébranlable de sa mère, l'aide d'autres migrants et l'habileté du coyote qu'ils contactent à Nogales vont leur permettre d'atteindre le territoire tant désiré après de nombreuses péripéties toutes plus dramatiques les unes que les autres.
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Autant que la violence des cartels et la corruption régnant au Mexique, la saleté (dirt) caractérise et dénonce évidemment l'attitude des Etats-Unis à l'égard des migrants venus du Sud dans l'intention de franchir la Linea, particulièrement ces dernières années.
Dans la série des écrivains étrangers inspirés par le Mexique, et chroniqués ici, après Malcolm Lowry, Laura Kasischke, Vénus Khoury-Ghata, Pino Cacucci, Richard Ford ou encore J.M.G. Le Clézio, voici l'œuvre poignante d'une auteure états-unienne qui arrive juste à temps pour cette rentrée littéraire 2020.
• Jeanine Cummins : American Dirt. Traduit par Françoise Adelstain et Christine Auché. Editions Philippe Rey, 2020, 540 pages.