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Ce bref volume est une réussite, tant pour le portrait d'un père distant, que pour le récit d'une expérience dépaysante mais décisive vécue à huit-dix ans avant d'entrer au lycée.

 

Le père de l'écrivain a quitté l'île Maurice pour suivre des études de médecine à Londres. Après un premier poste sur les fleuves de Guyana, le médecin débarque en Afrique en 1928 à trente-deux ans. Une fois marié, il s'installe avec son épouse dans l'ouest du Cameroun alors britannique puis dans l'est du Nigeria. L'épouse du docteur est rentrée en Europe pour la naissance de ses fils. Le médecin n'a pas pu les rejoindre à Nice et s'est retrouvé seul des années durant. « C'est donc la guerre qui a cassé le rêve africain de mon père » explique le futur prix Nobel. Né en 1940, J.M.G. n'a fait la connaissance de son père qu'en 1948. C'est alors pour lui une sorte d'étranger porteur de « lorgnons ». L'écrivain dessine le portrait d'un être rigide, autoritaire, tout dévoué à sa profession, à l'hôpital et dans les tournées de vaccination. Bien plus tard, quand l'indépendance du Nigeria et la retraite l'auront conduit à venir vivre en France, il restera un citoyen britannique nostalgique des forêts luxuriantes des régions tropicales. 

 

Quittant à l'âge de huit ans la vie urbaine et les restrictions de la guerre, le jeune Le Clézio s'émerveille de la liberté qui lui est offerte dès que le père se rend à l'hôpital et que la mère se plonge dans ses lectures. En compagnie de son frère le jeune garçon découvre la forêt, les gamins des villages, se lance dans des expéditions contre les termitières, et fait l'expérience cuisante des armées de fourmis. La nuit, portes et fenêtres fermées, vient l'assaut bruyant des insectes. Rien à voir avec la vie en appartement à Nice dans les années quarante... Ogoja au nord de la province de Cross River offre un contraste total. L'Afrique a ainsi probablement décidé de la vocation d'un écrivain parmi les plus tournés vers les cultures des mondes lointains. Les photographes prises par son père rendent ce livre encore plus attachant.

 

 

J.M.G. Le Clézio. L'Africain. Mercure de France, 2004 et Folio n°4250, 2005, 124 pages.

 

Tag(s) : #LITTERATURE FRANÇAISE
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