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Vu le prestige dont bénéficie le regretté Jim Harrison, on risque d'être un peu déçu par ce recueil sans unité de trois récits que de cuistres anglophones qualifient de “novellas”.

 

L'été où il faillit mourir, qui donne son titre au recueil, nous emmène dans le nord du Michigan pour faire la connaissance de Chien Brun, un Indien métissé, personnage rustique, amateur de chasse et de pêche, qui vit dans une roulotte sur le terrain de Delmore, son oncle retraité de l'industrie automobile. En épousant Rose en prison, il a obtenu la garde de ses deux enfants, Red, garçon prometteur, et Baie, handicapée mentale mais très sensible à la faune locale. Pour éviter qu'elle ne soit affectée à une institution spécialisée dans une ville éloignée, il est prêt à l'emmener se réfugier chez les cousins canadiens, quitte à s'éloigner de Belinda, une vraie mangeuse d'hommes qui est aussi sa dentiste, et de Gretchen, l'assistante sociale qui se refuse à lui.

 

Épouses républicaines est un récit qui donne successivement la parole à trois femmes, trois copines, Martha, Frances et Shirley. Toutes trois sont tombées amoureuses de Daryl, un simili poète assez désagréable qui avait présenté pour elles l'avantage relatif d'être moins prévisible et ennuyeux que leurs maris. Mais un jour, Martha — cliente assidue des professionnels de la santé mentale — a décidé d'empoisonner Daryl et, chose faite, a pris la fuite pour une station balnéaire du Mexique, où ses amies la rejoignent. En fait Daryl a survécu à la tentative de meurtre, et après un bref séjour à l'hôpital, il pourra prétendre à un substantiel dédommagement monétaire. Jim Harrison aurait pu faire de cette histoire un roman formidable. Le modèle réduit ne manque pas de charme. C'est une alerte satire de la bonne société américaine, celle des wasps.

 

Avec Traces, l'auteur donne en trois parties une esquisse d'autobiographie à trois périodes de sa vie. L'attachement à l'Amérique rurale est l'un des fils conducteurs de ce texte. C'est d'abord le nord du Michigan, où l'auteur, comme Chien Brun, se passionne pour la nature et la pêche à la truite. Écrivain confirmé il s'installera dans le Montana pour l'été et en Arizona pour l'hiver. Jim Harrison nous livre quelques confidences sur l'alcoolisme, sur ses parents et grands-parents, ses traversées de l'Amérique en voiture, sa difficulté de s'installer durablement à New York pour ses débuts de poète, ou à Los Angeles pour écrire des scénarios. La nature sauvage lui manquait trop, et apparemment son épouse et sa fille étaient du même avis. Traces est aussi intéressant pour les rencontres et amitiés littéraires que l'auteur évoque rapidement. Ce dernier texte s'adresse donc en priorité aux fans de Jim Harrison.

 

Jim Harrison : L'été où il faillit mourir. - Traduit par Brice Mathieussent, Christian Bourgois, 2006, 323 pages. Existe aussi chez 10/18, n°4032.

 

 

Tag(s) : #LITTERATURE ETATS-UNIS
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