Géographe timide, sans doute un peu névrosé, Sergio Prim travaille dans une agence d'urbanisme sur des études d'impact. Un hasard professionnel lui fait retrouver Bruyère Varela, fréquentée du temps de leurs études.
Mais à l'incipit nous sommes loin de cette histoire d'amour qui finira mal pour Sergio. Rendez-vous pris chez une psychologue, vieille amie de sa cheffe d'agence, Sergio déclare qu'il aime bien se cacher dans les « creux », et dans la crémone de son bureau en particulier. Si certains s'emmêlent avec les plis du temps, lui s'inquiète de la discontinuité de l'espace.
Souvent, dans son appartement madrilène, Bruyère, amoureuse, rejoint un Sergio hésitant et qui ne trouve jamais les mots qu'il faut, qui laisse tomber ses propositions de l'accompagner lors d'un déplacement professionnel, voire de la suivre en Finlande où ses recherches l'amèneront. Au lieu de passer Noël avec elle, le temps d'évoquer « ses amours comme des rhumes mal soignés », il choisit d'aller s'enfermer seul dans un hôtel d'une province reculée. Les semaines passent... « Tu es fou » finira par trancher Bruyère avant de le quitter sans doute définitivement.
Outre l'utilisation métaphorique du vocabulaire géographique, ce curieux premier roman de Belén Gopegui brillait par une écriture savante et souvent poétique qui tentait de décoder les pensées compliquées d'un « amant sceptique », d'un personnage quasiment autiste.
• Belén Gopegui - L'échelle des cartes. - Traduit par Claude Bleton. Actes Sud, 1995, 221 pages.