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C'est une histoire qui pourrait se passer dans bien des pays, puisque le sujet est aussi universel que la lutte des classes… Yuri Bykov a imaginé un conflit tout simple au départ : Kalouguine le propriétaire d'une usine de plaques de métal et de béton décide de la fermer car elle est déficitaire et il vient l'annoncer au personnel. L'annonce de la fermeture pousse un groupe d'ouvriers désespérés, sous l'impulsion de Le Gris (Denis Shvedov), à imaginer le kidnapping du patron, un oligarque réputé intouchable pour lui extorquer une rançon qui fera office d'indemnité de départ. Il en résulte un thriller plutôt bien ficelé, et sans trop d'invraisemblances.

 

Le Gris est un ancien militaire vindicatif qui a “fait” l'Afghanistan et en est revenu légèrement défiguré : il a le rôle du justicier balafré au jeu viril. Les camarades qu'il entraine avec la promesse de millions pour une retraite dorée n'ont pas su comprendre à temps que c'est l'esprit de vengeance qui va l'emporter chez Le Gris face à un homme, son patron, qui a réussi à faire fortune en éliminant peut-être ses rivaux de façon criminelle, le tout dans une société où règne l'injustice. C'est un peu le monde de Ken Loach mais sans aucun humour, et dans une version très machiste, même si, curieusement, le patron pris en otage n'est pas maltraité, et si la vodka est absente du scénario.

 

Le film fonctionne comme un huis clos étouffant entre la première et la dernière scènes qui sont en miroir : un homme vient à pied vers l'usine, un autre homme repart à pied vers la ville. La nuit ou le petit jour, la pluie en permanence, la grisaille verdâtre des décors de l'usine (Bykov a filmé dans une usine proche de Moscou et le personnel a participé) tout donne une touche absolument glauque qui convient à ce thriller social. Cela conduit à une issue évidemment tragique et les coups de feu qui résonnent dans l'usine sont en accord avec la bande-son très métallique. Dans cette tragédie, la critique de la société russe est à peine visible, une diatribe de Le Gris mise à part. Pourquoi n'a-t-on pas gardé le titre russe ?

 

Factory (Zavod). Film de Youri Bykov. Russie, 2019, 1 h49. Existe en DVD.

 

 

 

Tag(s) : #AU CINEMA
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