Alana est le nom d'une éblouissante collection consacrée à la Renaissance italienne. Baptisée d'après les prénoms des amateurs d'art qui l'ont constituée, Alvaro Saieh et Ana Guzmán, cette collection se visite habituellement aux Etats-Unis à Newark. On peut l'admirer à Paris au Musée Jacquemart-André jusqu'au 20 février 2020. La quasi-totalité de l'exposition concerne bien évidemment la peinture religieuse.
L'Annonciation
Cette "Annonciation" peinte vers 1420-24 par Lorenzo Monaco sert d'affiche à l'exposition. Marie détourne son regard… de son livre vers quelque chose comme une intime réflexion. On n'imagine pas qu'elle regarde l'archange Gabriel dans les yeux, tout de même !
Autre "Annonciation", vers 1600-1605, celle d'Orazio Gentileschi qui est une originale huile sur albâtre. Marie, avec humilité, abaisse son regard, les mains jointes. Amusez-vous à compter les anges qui batifolent dans le ciel au dessus du nuage baroquissime…
Dans cette Annonciation d'Annibal Carrache (1540-1609), très porté sur le noir dans ses tableaux. Marie ne semble pas s'apercevoir de la présence de l'archange Gabriel, aussi agité soit-il. Son regard est resté concentrée sur la lecture.
Après la Nativité
"L'Adoration des bergers", vers 1562, de Jacopo da Ponte, dit Jacopo Bassano (1510-1592).
La Vierge et l'Enfant
"Vierge à l'Enfant en majesté avec saint François d'Assise, sainte Marie-Madeleine et une donatrice", vers 1335. La donatrice est le petit personnage en prière au premier plan. Œuvre du maître florentin Bernardo Daddi.
"Vierge à l'Enfant avec saint Jean-Baptiste enfant et deux anges". Le florentin Jacopo del Sellaio (1441-1493) a peint à la tempera ce tondo sur bois de 109 cm de diamètre vers 1490, où l'on retrouve un air de famille avec ceux de Botticelli aux Offices. La scène se passe dans un jardin clos, référence à la virginité de Marie. L'ange de gauche tient à la main un rameau d'olivier en allusion au Jardin des Oliviers de la Passion du Christ, celui de droite un lys symbole de la virginité et de Florence.
"Vierge à l'Enfant" vers 1453, tempera et or sur panneau. Œuvre de Paolo Uccello (Florence 1397-1475).
"Vierge à l'Enfant". Tempera sur bois, années 1470. Entourage d'Andrea Verrocchio. Un traitement beaucoup plus "naturaliste" que l'œuvre précédente.
Scènes de la vie du Christ
"Huit scènes de la vie du Christ" par un peintre romain de la fin du XIII° siècle. Annonciation, Nativité, Adoration des mages; Présentation au Temple; Baptême du Christ; la Cène; la Prière au Jardin des Oliviers; l'Arrestation; la Flagellation.
La Passion du Christ
"Christ aux outrages", vers 1395, tempera sur toile de Niccolo di Pietro Gerini (documenté de 1368 à 1416)
"Crucifixion", vers 1315-1320. Tempera et or sur bois. Au pied de la croix : la Vierge en pleurs et saint Jean l'Evangéliste. Deux saintes. Pietro Lorenzetti
"Christ en crois adoré par des saints", vers 1490, tempera sur bois par un collaborateur de Botticelli, le Maître des bâtiments gothiques, actif à Florence. Marie-Madeleine est au pied de la croix. D'après le cartel, les autres personnages seraient sainte Monique, son fils saint Augustin, saint Jérôme et sainte Brigitte de Suède… Le drap noir au second plan — symbole des Ténèbres — sépare les figures du paysage dans le lointain, et fait ressortir de façon très "moderne" le corps du Christ.De part et d'autre de l'inscription INRI, le soleil et la lune. Se détachant sur le fond noir : les lances des soldats (qui sont partis) et l'éponge dans la main de saint Jérôme.
"La Crucifixion" vers 1510-1515, huile sur bois de Giovanni Gerolamo Savoldo (Brescia 1480-1548). Noter le vaste paysage en arrière-plan dans une perspective plongeante. Les ténèbres sont représentées d'une manière plus "naturelle" que dans l'œuvre précédente.
Déposition de croix, vers 1520, huile sur bois, par Francesco Ubertini dit Bachiacca (1494-1527).
"Lamentation sur le corps du Christ avec saint Jean-Baptiste". Huile sur bois de Francesco Granacci (1469-1543).
"La Trinité avec la Vierge et quatre anges" vers 1390, tempera et or sur bois. Œuvre de Niccolo di Pietro Gerini. Pas facile de représenter une Trinité à quatre personnages… A cette date les ordres mendiants affectionnent de relier la Vierge à la Trinité. On remarquera les auréoles sur un fond d'or poinçonné.
"Salvator mundi" (1551) de Giorgio Vasari.
La vie des saints
"Scène de la vie de saint Benoît" (vers 1485) : Deux tempera sur bois du florentin Bartolomeo di Giovanni (1462-1501). A gauche "le Miracle de la fiasque volée" et à droite 'la Correction du moine possédé".
"Scènes de la vie de Saint Pierre Martyr" (vers 1450), deux tempera sur bois du vénitien Antonio Vivarini (actif de 1449 à 1484 env.). A gauche, le saint dialoguant avec le crucifix; à droite saint Pierre exorcisant un démon ayant pris les traits d'une Vierge à l'Enfant.
Avec le zoom, on voit mieux comment Saint Pierre, debout à droite, exorcise le démon qui a pris les traits d'une Vierge à l'Enfant.
"Saint Jérôme pénitent" vers 1495. Huile sur bois de Baccio della Porta, dit Fra Bartolomeo (Prato 1473-Florence 1517).
"Sainte Catherine d'Alexandrie". Vers 1330. Tempera et or sur bois. Œuvre du peintre pisan Francesco Traini. Elle est alors vénérée par les dominicains de Pise. Ce panneau constituait sans doute l'élément latéral d'un retable. Chrétienne fervente, Catherine d'Alexandrie eut une querelle avec des érudits païens et son enseignement est ici symbolisé par un libre. Dans sa main droite, la roue évoque la torture qu'elle subit en raison de sa foi.
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