Voici quelques nouvelles d'un auteur russe qui a rencontré d'énormes succès au théâtre avec Comment j'ai mangé du chien et publié en 2005 le roman La chemise traduit chez Actes Sud. Né en Sibérie il y a une cinquantaine d'années, Evguéni Grichkovets, nous livre d'abord des souvenirs de service militaire dans la flotte du Pacifique qui culminent avec un anniversaire totalement raté. La foirade constitue le thème principal de ce recueil bien ironique.
Kostia, jeune diplômé de province, cherche à financer de nouvelles études dans la capitale. Quand il trouve l'argent nécessaire, son honnêteté et sa timidité le perdent (Une cicatrice).
Jeune bureaucrate dans un ministère, Vadik a des nuits trop courtes car les copains et les filles abusent de son temps. Il s'endort même dans un embouteillage en allant au travail. Un voyage professionnel à Paris parviendra-t-il à le réveiller vraiment ? Il aura au moins eu le temps de s'offrir une écharpe à la mode (Un sommeil réparateur).
Andreï accorde plus de temps qu'il en faut à la boisson. Il en oublie de promener son chien, ou plutôt celui que sa fille a voulu. Le pauvre chien en tombe malade. Andreï n'est pas très organisé! (Funérailles d'un ange).
Dima est resté à Moscou pendant les vacances d'été tandis que sa femme et sa fille sont allées au bord de la mer Noire. « Pas la peine de se presser » a-t-il pensé. Il a surtout rêvassé et flemmardé. Et la fin de l'été arrive si vite… (Au calme).
Kolia et Igor bavardent et boivent trop en attendant leur avion. Ils rencontrent une célèbre présentatrice de la télévision qui invite Kolia au théâtre où elle joue une pièce. Raison de plus pour prolonger le séjour avant de rentrer à Perm ? (Le taquet).
Autant de nouvelles, autant de personnages qui développent un talent triste pour rater les occasions qui se présentent à eux. Du manque d'assurance, à la pusillanimité en passant par l'abus de spiritueux, l'échec se nourrit de tout. Cela fait songer un peu au personnage d'Oblomov — mais dans une Russie toute contemporaine. Une bonne lecture de détente.
• Evguéni Grichkovets. Le taquet. Traduit du russe par Stéphane Dudoignon. Bleu autour, 2013, 225 pages.