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Qu'elle séduise ou inquiète, la Russie nouvelle ne peut laisser indifférent et l'ouvrage de Tatiana Kastouéva-Jean, spécialiste de la Russie à l'IFRI, répondra aux attentes d'un public exigeant. Publié à la veille de la réélection de Vladimir Poutine en 2018, et s'appuyant sur une profonde connaissance du pays renforcée par des sondages du Centre Levada, cet ouvrage permet de mieux comprendre un pays que les médias présentent souvent de façon caricaturale.

 

Organisé sous forme de fiches répondant à des questions précises — du type “Pourquoi Staline est-il toujours populaire en Russie ?” — le livre est structuré d'une façon très classique par grands thèmes allant de l'histoire de la Russie à la politique étrangère en passant par des éclairages pertinents sur le pouvoir politique, la vie économique, et la société.

 

Arrivé au pouvoir en 1999, Vladimir Poutine a hérité d'un pays en crise suite à disparition de l'URSS, ce qu'il a considéré comme une catastrophe majeure. Tatiana Kastouéva-Jean nous explique clairement comment sa politique a pu redresser le pays dans pratiquement tous les domaines. Quitte à surprendre ou choquer le lecteur français fier de ses valeurs républicaines, l'auteure montre une société qui n'est pas spécialement intéressée par la démocratie occidentale, et n'est pas très motivée par les droits de l'homme. Après avoir connu des décennies d'internationalisme sous le régime soviétique, le pays est devenu plus autocentré, méfiant envers la mondialisation libérale, et irrité par l'extension de l'OTAN vers ses frontières. Il se montre attaché à ses racines slaves et orthodoxes, non par la pratique religieuse (seulement 4 % d'orthodoxes pratiquants), mais plutôt par le souci de conserver l'éclat de la civilisation russe, et la mémoire de la glorieuse mais coûteuse victoire sur le nazisme en 1945, source d'un patriotisme renouvelé. Aussi le pouvoir russe dépense-t-il toujours beaucoup pour la défense, au détriment sans doute de ses infrastructures, de ses universités et de ses laboratoires qui déposent peu de brevets, dix fois moins que la Chine.

 

Avec ses énormes ressources d'hydrocarbures, avec ses exportations de blé et d'armes, l'économie russe est comme les autres sensibles aux aléas de la conjoncture, mais étonnamment moins que certains politiciens le supposent. L'immensité du territoire et l'ouverture sur l'Arctique sont sans doute des points forts pour l'avenir d'un pays dont la question démographique semble le principal point faible. Une remarque toutefois, il est dommage que les performances du pays dans la conquête spatiale ne soient pas prises en compte.

 

 

Tatiana Kastouéva-Jean. La Russie de Poutine [en 100 questions]. Tallandier, 2018, 344 pages.

 

 

 

Tag(s) : #RUSSIE, #SOCIETE
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