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Conçue par la commissaire et féministe Marie-Jo Bonnet, l'exposition du Musée des Beaux-Arts de Rennes "Créatrices - Une émancipation par l'art" a marqué l'été de la capitale bretonne. Ouverte au public du 29 juin elle s'est refermée le 29 septembre 2019.

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Cette exposition très fréquentée a proposé un remarquable panorama de créations de femmes artistes, d'hier et surtout d'aujourd'hui, où se confrontaient tous les arts plastiques : peinture, sculpture, tapisserie, photographie, installation… La thématique de l'exposition, en donnant priorité aux personnes, avait le mérite (ou le défaut ?) d'une invraisemblable et réjouissante cacophonie esthétique. Voici quelques exemples retenus dans l'intention de souligner ce triomphe de la diversité du possible.

 

Visiteuses et visiteurs étaient accueillis par l'œuvre de Raymonde Arcier (née en 1939), “Au nom du père”  (ci-dessus) : une imposante statue textile de plus de 2m 50 provenant du Centre Pompidou. 

Après cette première statue géante du hall d'entrée, la cour d'honneur du musée exposait une autre géante : une nana de Niki de Saint-Phalle, (1930-2002), haute de plus de 2 mètres.

Niki de Saint-Phlle - Lady sings the blues

Cette "Lady sings the blues" est un hommage à la chanteuse de jazz Billie Holiday.  Le travail de l'artiste est impressionnant avec du recul, mais il ne manque pas non plus d'originalité à être examiné de très près.

Détail de Lady sings the blues

 

Pour continuer avec les sculptures, mais en changeant totalement de dimension, voici une des deux œuvres exposées de Camille Claudel (1864-1943).

Camille Claudel. "Les Causeuses", 1895-1897. Musée Rodin. 

 

Chana Orloff - Ruth et Noémi (1928)

 

Née en Ukraine, Chana Orloff (1888-1968) est connue pour son activité de sculptrice en France et en Israël. "Ruth et Noémi" est un bronze de 1928. 

 

Après ces sculptures mémorables, place à la peinture. Les portraits de Marie-Thérèse Auffray (1912-1990) qui revendiquait à franche indépendance s'apparentent néanmoins à la peinture expressionniste d'un Ernst Ludwig Kirchner.

Marie-Thérèse Auffray - A la galerie Charpentier

Marie-Thérès Auffray : "À la galerie Charpentier", 1956. 

Marie-Thérèse Auffray - Les amis de la famille (1951)

De la même peintre, cette toile est originale par son cadrage, et par cette nuance verdâtre qui ne donne pas une impression attirante de cette famille aux lèvres pincées, méprisante, peut-être à cause de l'orientation sexuelle de l'artiste ? à moins qu'il ne s'agisse tout simplement de la famille assistant à des obsèques ?

 

Suzanne Valadon - Adam et Eve

 

Tout autre ? Avec cette toile figurant "Adam et Ève" (1909, Centre Pompidou) on ne peut pas dire que Suzanne Valadon (1865-1938)exprime totalement la joie de vivre et d'aimer. Adam a l'air un peu tordu… Il fait semblant d'empêcher Ève de cueillir le fruit tout en regardant ailleurs... Mais c'était le seul beau couple de l'exposition !

 

Elisabeth Vigée-Lebrun - Autoportrait (détail)

D'Élisabeth Vigée-Lebrun (1755-1842) je ne retiens que ce détail de l'“Autoportrait” souriant. À son époque, il était rare de montrer ses dents blanches en entr'ouvrant les lèvres. D'ailleurs, les portraits de M.-Th. Auffray témoignent encore de ces attitudes jusqu'en plein XXème siècle. 

 

Orlan - Le baiser de l'artiste

 

Cette ironique et provocatrice installation d'Orlan, “Le Baiser de l'artiste” (1977. FRAC des Pays de la Loire) juxtapose le corps de la sainte et le corps de la putain. À la FIAC de Paris en 1977, l'artiste qui avait alors trente ans donnait un baiser pour 5 francs à glisser dans le tronc. Ce fut le scandale. Aujourd'hui, comme à la foire, on pourrait s'installer derrière le panneau représentant le buste féminin pour la photo. Pour le même prix, on peut aussi bien payer un cierge...

 

Maria Helena Vieira da Silva - A guerra

 

Cette toile de Maria Helena Vieira da Silva (1909-1992) donne effectivement une saisissante impression de chaos. À regarder plus attentivement, on constate une multitude de petits personnages.
 

 

On est aussi surpris par le “Baby Carriage” (2012) de la japonaise Chiharu Shiota. L'œuvre est censée remémorer le traumatisme qu'elle avait subi, encore enfant, lors de l'incendie de la maison familiale. Les fils noirs, entrecroisés, "enfument" en quelque sorte l'espace clos de la vitrine contenant le petit landau qui symbolise l'espace vécu par la petite fille. En fait, le visiteur a spontanément bien d'autres explications!

 

Cette exposition éclectique comprenait aussi de remarquables tapisseries. L'âge d'or des tapisseries s'est éloigné depuis le Moyen-Âge mais sans doute connaît-on aujourd'hui un renouveau de cet art, même si les artistes présentes ne sont pas très connues.

Guidette Carbonell - Hibou Rock (1978)

"Hibou Rock" de Guidette Carbonell se compose de tissus collés et cousus.

Charlotte Calmis - Coudrage jaune - 1954

La poétesse féministe Charlotte Calmis (1913-1982) a aussi utilisé ce média.

 

Parmi les artistes les plus connues, l'américaine Georgia O'Keeffe (1887-1986) connue pour ses aquarelles, et ses paysages épurés, — sans compter les photos que son mari Alfred Stieglitz a fait d'elle — était présente avec cette Iris :

Georgia O'Keeffe - Iris n°7 - 1957

 

Exposée dans l'escalier menant aux galeries permanentes, “Jenn”, l'œuvre de Carole Rivalin, directrice de l'Ecole d'art de Saint-Nazaire, était bien capable de vous donner le vertige et de vous faire trébucher…

Carole Rivalin - Jenn - 2014 (détail)

 

Il y avait aussi des œuvres de Cindy Sherman, Louise Bourgeois, Annette Messager, Joan Mitchell, Marta Pan, etc… Mais je ne peux tout rappeler ici — d'où l'intérêt du catalogue.

 

Tag(s) : #ARTS PLASTIQUES
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