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C'est Éva qui raconte à la deuxième personne du singulier. Elle s'adresse non au lecteur mais à son mari, d'où le tutoiement. Il faut passer les deux-tiers du roman pour comprendre les raisons de ce choix narratif.

 

Éva gagnait bien sa vie avec sa grande agence d'urbanisme. Même si Charles, son mari, était en congé pour dépression, devenir propriétaires d'un pavillon avec jardin dans un quartier calme était leur rêve et ils avaient les moyens de le réaliser. Ils quittèrent donc Paris, son bruit et sa pollution pour un paisible éco-quartier d'une commune de banlieue. Le lotissement était en impasse. La gare du RER n'était pas bien loin. Leur choix paraissait idéal...

 

Or le paradis allait se changer en enfer ! Les maisons étaient mitoyennes, côté pair comme côté impair de l'impasse, et chacune donnait sur le jardin des voisins. Dès que les plus proches voisins Annabelle et Arnauld Lecoq se sont installés les tensions ont commencé. L'intimité recherchée n'a plus été possible. Par leur comportement de couple sans enfant, les Caradec n'ont d'ailleurs rien fait pour créer un bon voisinage un tant soit peu festif. Au contraire. Comme les dispositifs d'énergie renouvelable avaient été mal conçus il fallut creuser des canalisations de gaz naturel, puis les Lecoq se mirent à construire une terrasse à la place du gazon. Tous ces travaux traînaient en longueur et semaient l'insatisfaction. Et ce n'est pas tout : Charles n'aimait pas les chats, or les Lecoq en avaient un, un gros matou qui ne respectait pas les limites de la propriété. Un beau matin, on retrouva le chat éventré. L'incident conduisit à la première visite de la police dans le quartier.

 

Ce ne serait pas la dernière ! En effet, le roman sociologique se double bientôt d'un polar. Annabelle, que tous les hommes du quartier reluquent quand elle s'habille en mini-short, disparaît avec son bébé à la suite d'une dispute avec son mari. Les rumeurs iront bon train. Elles feront même passer Charles par la case prison. Analysant la situation, Éva conclura que le couple s'est trompé et qu'il faut rentrer en ville !

 

Rédigé sur un ton léger et rythmé de brefs chapitres, ce court roman participe de toute une récente littérature de fiction et de sciences humaines sur la vie des périphéries urbaines. L'ironie de Julia Deck aboutit ici à une description plutôt réussie des relations de voisinage d'un quartier résidentiel de cadres moyens et supérieurs. C'est peut-être un peu superficiel mais son humour fait mouche.

 

Julia Deck : Propriété privée. Les éditions de Minuit, 2019, 173 pages.

 

 

Tag(s) : #LITTERATURE FRANÇAISE
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