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Montgolfière d’Or du 40e Festival des Trois Continents, Nantes, novembre 2018.

Pour son dix-neuvième long-métrage, Garin Nugroho, cinéaste né en 1961 à Jogjakarta, étudie le cas d'un jeune homme, Juno, qui à l'enfance a été abandonné par son père et puis s'est trouvé attiré par les activités habituellement considérées comme plus féminines que masculines. Adolescent, il devient un danseur de “lenggar”, sorte de spectacle populaire où les hommes tiennent des rôles de femmes, et prennent des poses qui ressemblent à celles de danseuses thaïlandaises. En même temps, comme ces artistes populaires doivent aller de village en village pour ne pas provoquer le déplaisir des autorités, le réalisateur nous plonge dans le contexte d'un Java resté rural qui condamne l'homosexualité.

 

Un symbolisme que certains jugeront lourd souligne l'aspiration du jeune homme à la féminité ; pour ne prendre qu'un exemple, Juno est hypnotisé par le sang qui coule de son doigt lors de travaux de couture pour la formation de danse à laquelle il s'est joint. Juno déclare dans un moment intense que son corps est un champ de bataille entre les deux genres qui l'habitent (photo suivante). En effet, Juno commente les épisodes successifs de sa vie, ce qui explique bien le titre du film.

Néanmoins, j'ai apprécié la délicatesse de la plupart des moyens retenus par le réalisateur. Il ne verse pas dans une approche grandiloquente qu'il aurait pu emprunter aux théories occidentales du genre. Si Juno est indisposé par tout ce qui concerne la virilité, vers la fin du film il est effrayé par la violence des combats de boxe quand il accompagne un pauvre boxeur amateur exploité par un duo de mafieux, et dont il est l'amant (sur la relation de “warok” à “gemblak” voir l'article de Wikipedia : Homosexuality in Indonesia).

 

C'est aussi vers la fin du film que les scènes inspirées par la culture javanaise semblent les plus intéressantes à découvrir pour les spectateurs européens, à l'exemple de la fête des masques donnée durant la campagne électorale. C'est à ce moment que la troupe de “lenggar doit quitter les lieux, par décision des autorités locales.

 

Memories of My Body est sans doute dans l'air du temps puisqu'il traite des questions du genre et d'homosexualité mais nettement moins spectaculaire que le formidable film que Garin Nugroho nous a donné il y a douze ans : Opera Jawa !

 

Memories of My Body. Film indonésien de Garin Nugroho, 2018, 1h 45 min.

Voir le trailer sur You Tube.

Tag(s) : #AU CINEMA, #Indonésie
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