Pour sa quarantième édition le Festival des Trois Continents revient sur 40 ans de films qu'il a présentés et qui ont reçu un bon accueil du public. Cela permet de revoir des œuvres ayant fait date, comme, par exemple, La Fille du Nil du réalisateur Hou Hsiao-hsien qui remonte à 1987...
Quelques mots du scénario qui marque l'entrée du réalisateur dans le monde urbain puisque l'action se passe à Taipei. La jeune Hsiao-yang — rôle joué par Lin Yang — essaie de prendre soin de sa famille et de la maintenir réunie après la mort de sa mère et de son frère aîné. Elle travaille comme serveuse au Kentucky Fried Chicken du quartier. Elle fréquente aussi les cours du soir au lycée. Son grand-père vient prendre ses repas. Son père travaille en dehors de la ville ; blessé durant son travail, il devient une charge supplémentaire pour la jeune femme dans la dernière partie du film. Hsiao-yang doit aussi prendre soin de sa jeune sœur, encore écolière, et aussi de son frère — rôle tenu par Jack Kao — qui est un voleur, appartient à un gang, joue aux cartes, et s'endette. Hsiao-yang se prend d'affection pour Ah-sang, qui fait partie de ce même milieu mafieux que son frère. Mais le drame est inéluctable...
Le titre du film provient d'un manga que lit la jeune femme pour s'évader d'un quotidien difficile et surchargé. Par rapport à des films très récents, on est sidéré de voir les personnages fumer autant de cigarettes américaines. Hsiao-yang leur conseille d'ailleurs de moins fumer et se fait l'écho d'une campagne anti-tabac ou du cancer dont souffrirait le cowboy de la publicité. La présence des marques Marlborough et Kentucky Fried Chicken participe sans doute de l'américanisation de Taiwan en ces années 80, en plus des lumières de la nuit.
Si le grand film de référence d'Hou Hsiao-hsien reste Millenium Mambo, alors on peut prétendre que La Fille du Nil recèle déjà une bonne part de ses qualités futures. On note cette atmosphère très particulière, cette douceur de l'intimité qui fait le charme des productions du réalisateur taiwanais. Le cadrage et la lumière tamisée contribuent à ce que l'on se sente toujours proche des personnages, tous traités avec une grande bienveillance.
The Daughter of the Nile ? Un film à ne pas oublier !
• La Fille du Nil. Film de Hou Hsiao-hsien. 1987. 91 min. (En DVD chez Carlotta films, 2017).