Le Musée d'Arts de Nantes commémore jusqu'au 13 janvier 2019 le Salon organisé en 1886 et qui connut alors un franc succès. Le public accourut pour admirer des œuvres très académiques de Léon Gérôme ou Luc-Olivier Merson, mais aussi l'avant-garde impressionniste qui fit scandale. L'exposition revient sur ce salon avec une partie des œuvres jadis présentées. Elle permet à un regard attentif de comprendre le virage de la « modernité » à la fin du XIXè siècle. Nombre de ces œuvres avaient été acquises à l'époque par le Musée des Beaux-Arts.
Des paysages

Ce vaste panorama champêtre, "Les Avoines", de Ferdinand Jan-Montchablon (1886, Musée d'arts), a des douceurs de ton qui font penser à de vieux autochromes et une composition presque abstraite.

"Fin d'hiver" ou "Le chemin vers la vallée" — il s'agit de la vallée de Chevreuse — est une toile d'Armand Guillaumin (1841-1927), peintre qui a participé à la dernière exposition impressionniste. Paris, Petit Palais.

Egalement d'Armand Gullaumin, cette "Route de Damiette (Seine-et-Oise)" appartient à la Collection Thyssen-Bornemisza, à Madrid. En 1886, le critique de l'Union bretonne vilipenda cette toile en la traitant de « joyeuses fumisteries ».

Avec "Les Voiles jaunes" ou "Pêcheurs de la Chioggia à Venise", Gustave Surand (1860-1937) fait triompher couleur et géométrie. « Que de hardiesse, que de tempérament dans cette peinture !» note Le Phare de la Loire du 3 décembre 1886.

"Côte de Domois" (Nantes, Musée d'arts) date de 1907. Maxime Maufra (1861-1918) est un peintre originaire de Nantes et qui a beaucoup travaillé sur les côtes bretonnes et séjourné à Belle-Ile-en-mer à de multiples reprises. Claude Monet aussi a posé son chevalet à Belle-Ile en 1886.

"Le Phare de Honfleur" (1886) de Georges Seurat (1859-1891), Collection Mellon, National Gallery of Art, Washington D.C. Bien que présenté à la dernière exposition impressionniste, on retient surtout de Seurat son expérience du divisionnisme (pointillisme). La technique permet ici une grande douceur des couleurs fidèle à la fréquente lumière douce des rivages de la Manche.
Des portraits

"Frère et sœur" (1891) d'Alfred Stevens. Paris, Musée d'Orsay (œuvre récupérée après la Seconde guerre mondiale et confiée à la garde des musées nationaux). Il s'agit de la nièce et du neveu d'Alfred Stevens, peints avec délicatesse sur fond de baie de Honfleur.

"Gustave Geffroy" (1895, Musée d'Orsay). Le portrait du journaliste et critique d'art est l'œuvre de Paul Cézanne (1839-1906). Une sculpture de Rodin voisine avec les livres ouverts. L'œuvre est inachevée : exposée telle quelle au Salon d 'Automne de 1907 elle sera remarquée par les fondateurs du cubisme.

"Portrait de Philibert Doré-Graslin dans son jardin" (Nantes, Musée d'arts). Un temps peintre, amateur d'arts, l'homme avait présidé la Société d'organisation du Salon de Nantes en 1886. Le portrait est dû à un peintre local, François-Eugène Brillaud (1847-1916).

Le nantais Jules-Elie Delaunay (1828-1891) a réalisé le portrait de l'épouse d'un artiste à la mode, Auguste Toulmouche. Le "Portrait de Madame Marie Toulmouche" (1884, Nantes, Musée d'arts). Dans sa propriété de Savenay, la dame recevait des artistes tels Gustave Doré ou José Maria de Heredia.

Auguste Renoir (1841-1919), La Fin du déjeuner, (1879, Städel Museum, Francfort). La scène se déroule sous la tonnelle d'un cabaret de Montmartre. Y figurent l'actrice Ellen Andrée à gauche et Marguerite Legrand modèle de Renoir en compagnie du frère ou d'un ami du peintre. Cette peinture sert d'illustration de couverture du catalogue de l'exposition.

Le "Retour du bal" de James Tissot (1836-1902). L'artiste connu pour les œuvres réalisées en Angleterre est originaire de Nantes.
Ces paysages et ces portraits sont pour la plupart magnifiquement encadrés ce qui ajoute une touche d'unité à leur présentation.
• Nantes 1886. Le Scandale impressionniste. A voir au Musée d'arts de Nantes, jusqu'au 13 janvier 2019.