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Tout au nord-ouest du Montana, à proximité de la frontière canadienne, imaginez une poignée d'habitants dans une vallée perdue entourée de forêts immenses : c'est Yaak. Après avoir envisagé des séjours plus méridionaux, c'est là que, fuyant le Texas, Rick Bass et sa compagne Elizabeth choisissent de s'installer, sans électricité ni téléphone.

 

Sous la forme du journal, assez irrégulièrement tenu de septembre à mars, “Winter” relate une forme d'acclimatation, incertaine, puis réussie. L'auteur, géologue de formation, s'est métamorphosé en bûcheron durant l'automne pour stocker tout le bois nécessaire afin de passer l'hiver dans une sorte de ferme isolée à quelques miles de Yaak dans un comté où le thermomètre descend jusqu'à -40°C. Pour assurer le chauffage, le bois du mélèze a ses préférences. Couper du bois, stocker du bois : c'est un hymne permanent à la tronçonneuse ! On en connaît les qualités et les faiblesses, les dangers aussi. La tronçonneuse est l'héroïne bruyante du livre, plus encore que la vieille Ford Falcon et le 4x4 Nissan dont la transmission a lâché. En revanche, rien sur le livre que le diariste dit écrire ni sur ce qu'Elizabeth peint, pas plus que sur leurs relations intimes, pudiquement passées sous silence.

 

Les fréquentations des nouveaux ermites ? Outre les bêtes de la forêt, tels les wapiti curieux qui mettent parfois leur museau à la fenêtre, outre la visite non désirée d'un couple de prédicateurs maladroits, c'est au magasin général (la traductrice n'ayant pas gardé “general store”) où l'on boit quelques bières entre voisins, tous plus expérimentés que ce couple de horsains, que la sociabilité montagnarde se révèle devant des jeux de hasard. À en croire l'auteur, les « valeurs américaines » se résument à l'art de conduire le 4x4 sur la neige, solidement fermer les clôtures, et bien manier la tronçonneuse, évidemment... C'est grâce à elle au moins autant qu'à sa machine à écrire, que Rick Bass est ainsi devenu un glorieux représentant de ce que l'on a baptisé “nature writing”.

• Rick Bass. Winter. Traduit par Béatrice Vierne. Folio, 2010, 260 pages.

 

Tag(s) : #LITTERATURE ETATS-UNIS
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