Un roman pour amateurs d'histoires minimalistes ! Ou plutôt amateurs d'une écriture qui évite les longues analyses psychologiques, leur préférant la description du comportement, des suites d'actions apparemment anodines, à travers lesquelles le lecteur ou la lectrice pourront construire — pure hypothèse de lecture — le ressenti du personnage voire un peu plus que le texte ne le dit.
C'est au cours d'un trajet en avion que Stella l'infirmière a rencontré Jason qui travaille sur des chantiers plus ou moins lointains. Tel a été le début de leur amour. Il achète une maison en lisière de la ville et le couple y est déjà installé à la naissance d'Ava.
Stella travaille au domicile des personnes âgées de la commune. Quelques maisons plus loin dans sa rue habite un assez énigmatique voisin. Le comportement de Mister Pfister devient celui d'un individu qui harcèle jour après jour Stella en l'absence de son mari. Il sonne à la grille du jardin et manifeste l'intention de parler à Stella, devant son refus réitéré, il dépose une carte ou une lettre ou un objet quelconque dans la boîte aux lettres. L'insistance de Mister Pfister — il n'a rien d'anglais, soulignons-le — porte sur les nerfs de Stella. On s'interroge : se seraient-ils déjà rencontrés autrefois quand Stella était célibataire ? Il semble que non. Excédée, Stella finit par porter plainte à la police contre celui qu'elle appelle le « stalker », le harceleur.
Un jour, Jason, le mari, s'en mêlera, quasiment à la fin du livre ! Il en faut beaucoup pour énerver Jason. Mister Pfister l'aura bien cherché. Toutefois, il n'est pas sûr qu'il soit tout à fait sain d'esprit : le doute est permis selon le témoignage d'un autre voisin, le paisible réparateur de cycles.
Chemin faisant, on éprouve longtemps un sentiment d'attente. Il va bien se passer quelque chose quand même ? Il faut pourtant se contenter de la description d'événements mineurs et quotidiens. Stella prend son vélo, conduit Ava au jardin d'enfants, se rend chez les personnes âgées dont elle a la charge, ou encore écrit à son amie Clara et surtout attend le retour de Jason.
“Au début de l'amour” est le premier roman de Judith Hermann, berlinoise née en 1970, et déjà connue pour des recueils de nouvelles, dont le premier, “Maisons d'été, plus tard”, avait paru en 1998.
• Judith Hermann. Au début de l'amour. Traduit Dominique Autrand. Albin Michel, 2016. Réédition en poche : coll. Milady, Bragelonne, 2017, 187 pages.