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Rendu célèbre par le roman « La Cité de Dieu » qui a pour cadre la favela où il est né en 1958, — sans oublier le film qui en a été tiré — Paulo Lins s'est intéressé en bon carioca à la naissance de la samba.

 

L'action se passe à Rio de Janeiro en 1928-29, dans le quartier d'Estácio, non loin de la Place Onze, dominé par des collines plus ou moins urbanisées. Là, des populations noires, souvent venues du Nordeste, s'adonnent à une variante du candomblé appelée l'umbanda. Dans les terreiros, les cérémonies dirigées par les Mères-de-Saints et Pères-de-Saints habillés de blanc se terminaient la nuit par des danses au son de percussions ; ces rythmes traditionnels d'origine africaine n'étaient pas du goût des autorités qui les interdisaient souvent brutalement. Aussi, les blocos de samba se protégeaient en ayant recours à des capoeiristes quand il s'agissait pour les batucadas de parader dans les rues environnantes.

 

Musiciens amateurs et paroliers issus du petit peuple descendants d'esclaves libérés seulement en 1888 réjouissaient les habitants du quartiers d'Estácio. Dans ce coin mal famé de la « Ville merveilleuse » les bordels rivalisaient en nombre avec les bars à cachaça. Les prostituées les plus demandées, telle la sublime Valdirène, excitaient à la fois le noir Brancura et le blanc Sodré. Cariocas, bahianaises, indiennes et européennes — introduites par le Zvi Migdal, la réseau des juifs polonais — vendaient leurs charmes sous le contrôle de ces deux rivaux, malandros les plus audacieux du quartier. Des deux maquereaux, l'un et l'autre portés sur l'alcool et le cannabis, le Portugais était le plus intégré à la société puisqu'il travaillait à la Banque du Brésil et en retirait des facilités pour que la police tolère ses activités. Tel n'était pas le cas de Brancura qui restait plus enclin aux mauvais coups et aux petits trafics, mais en même temps plus proches du milieu des musiciens.

 

Parmi eux, Silva et Bastos virent leur succès décoller quand un chanteur blanc populaire, Francisco Alves, choisit de soutenir leurs créations. Toutes sortes de percussions, de tambourins, sans oublier la cuica inventée à cette époque, étaient nécessaires pour mettre en place la nouvelle tendance musicale, basée sur la samba, qui tournait la page de la maxixe et des instruments à vent. Au terme du roman on assistera à la transformation du bloco en école de samba, phénomène incontournable du carnaval nouveau. Mais quand Valdirène mettra au monde ses jumeaux, la crise économique mondiale sera bien près d'éclater...

 

Paulo Lins. Depuis que la samba est samba. Traduit du portugais par Paula Salnot. Editions Asphalte, 2014, 287 pages.

Le livre comprend une playlist de morceaux à trouver sur youtube et un riche glossaire à la fois musical, religieux et gastronomique.

Amazon propose un aperçu du livre à cette adresse : https://www.amazon.fr/Depuis-que-Samba-est/dp/2918767441.

 

 

 

Tag(s) : #BRESIL
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